Etat de l’art de la monétarisation Octobre 2018

Panorama des tentatives de monétarisation en faveur de la conversion écologique de l’économie
Michel Veillard Lundi 1 octobre 2018 Vinci La Défense

Monetarisation pour conversion ecologique Holiste et systémique
• Pourquoi holiste et systémique
C’est la méthode canonique en climatologie tout comme en économie
• Voir « Trajectories of the Earth System in the Anthropocene »
• Monnaie est une modélisation de l’activité économique
• Actuellement trop réductrice pour décrire les externalités
• Donc élargir son périmètre d’application à celles-ci
Concrètement il faut prendre connaissance de http://www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1810141115
Cette étude récente explicite la nécessité de l’holisme : « Our analysis argues that human societies and our activities need to be recast as an integral , interacting component of a complex, adaptative Earth System. »
Elle insiste également sur l’approche systémique : « Our systems approach, focusing on feedbacks, tipping points, and non linear dynamics, has adressed the questions of Hothouse Earth »
Elle conclue que les actions devront se fonder sur de nouveaux paradigmes : »Enhanced ambition will need new collectively shared values, principles and frameworks as well as education to support such (tremendous) changes »
Je soutiens la thèse que monétariser dans la vraie vie permet de fournir une représentation qui elle-même permet la fongibilité (mélanger les choux et les carottes)
Monétiser permet de transactionner donc encourage la production d’impacts marchandisables.
Ne pas monétariser ni monétiser inhibe la diffusion et la propagation des actions environnementalement sensées.
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Accord de Paris nous expose à des bouleversements climatiques
• Hothouse Earth peut se déclencher à l’intérieur des 2°C
• Une fois les tipping points franchis, la trajectoire s’oriente vers « Hot House Earth »
• Donc principe de précaution pour éviter l’irréversible
• Et mobilisation générale pour créer les actions et leur coordination
• Coordination qui passe par un langage commun
• Je propose comme vernaculaire la monnaie et donc la monétarisation des externalités
• Parce que la monnaies est un existant dans notre fonctionnement
• Et parce qu’il est autoentretenu et débouche sur des monétisations

La monnaie remplit trois fonctions : représentation des biens et services marchandisés, moyen d’échange standardisé et véhicule de transport dans le temps par conservation de la valeur.
La monétarisation est la première étape nécessaire qui permet de se mettre d’accord sur le périmètre d’action, puisqu’elle permet de reconnaître les valeurs que les acteurs accordent aux objets (impacts) qui sont monétarisés.
Elle présuppose des mesures d’indicateurs physiques renseignant l’impact sous revue.
Je soutiens que le prix unitaire accordé à chaque unité d’impact ainsi décrite, devra avoir pour finalité de déclencher l’action (stimuler ou inhiber la production d’impact)
Les approches expertes complètent utilement cette impérieuse règle d’évaluation.
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Insuffisance des comptabilités actuelles ainsi que des modèles d’allocation de capital
• Les International Financial Reporting Standards – IFRS – externalisent les impacts qui ne sont pas transactionnables.
• Les doctrines d’allocation de capital par les marchés financiers n’ont pas standardisé de mesure des impacts et sont présentement dans le bricolage.
Les comptabilités ne prennent pas en considération les impacts environnementaux et donc les décisions des entreprises ne les prennent pas non plus en considération.
Pour que les entreprises prennent en compte l’environnement il faut créer une financiarisation des impacts environnementaux, ce qui enclenchera leur traitement concret par les entreprises.
Si les entreprises s’y mettent, elles produiront des rapportages (reporting) qui seront standardisables assez rapidement.
Ce qui apportera aux décideurs de l’allocation de capital la grille d’analyse communément acceptée qui leur manque présentement.

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Quelques multinationales ont ouvert ce chantier
• The Conference Board : « Total impact valuation gains momentum among Multinationals Thomas Singer »
• La ville de New York associée à Harvard ainsi qu’avec la banque UBS (sa direction de l’Asset Management) construisent un cadre universel Sustainable investing framework
• Les comptables du Sustainable Accounting Standard Board travaillent d’arrache- pied pour proposer des indicateurs materials/significatifs (pertinents et tangibles) normés par filière/secteurs économiques, permettant la comparabilité intrasectorielle et pouvant déboucher sur les monétarisations et monétisations.

Historiquement le premier exemple d’une telle démarche est celui de Puma qui le premier a construit un compte d’exploitation environnemental.
Les travaux du Conference Board reprennent l’idée et la généralisent à l’ensembles des impacts environnementaux et y ajoutent les aspects anglosaxons de gouvernance et de social (« people »)
https://www.conference-board.org/publications/publicationdetail.cfm?publicationid=7909
A mon sens l’étape qu’il faut maintenant franchir est des monétiser effectivement les impacts environnementaux, et je préconise un système de troc qui permet à chaque participant de faire monétiser sa production d’impact par un partenaire, en échange de la réciproque.
Conclusion de Thomas Singer : « For the practice to gain more appeal accross the globe, the business community must help to improve its key drawbacks-namely, the limited comparability of results given the absence of a standard methodology »
Je travaille actuellement à la réalisation d’un ouvrage destiné aux décideurs financiers et qui leur permettra d’appliquer une analyse financière fondamentale inspirée des paradigmes écologiques les plus impérieux et les plus ambitieux (donc, les plus réalistes)
Cela devra déboucher sur une appréciation boursière des entreprises qui prennent les bonnes décisions, et ensuite il sera possible au marché de normer les impacts positifs et de créer un référentiel exhaustif des bonnes pratiques.
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Le cas difficile de la marchandisation de la biodiversité
• L’argument éthique est qu’il ne faut surtout pas monétariser ni monétiser la biodiversité car cela entraînera sa marchandisation.
• De ce fait les entreprises s’interdisent d’agir pour la biodiversité, au prétexte de suivre ce vertueux précepte.
• Et la sixième extinction des espèces va bon train!
• Prenons donc une valeur de marché, pleinement incitative, pour chaque impact biodiversitaire que la science reconnaît comme material/significatif (pertinent et tangible) et cessons de nous faire des nœuds idéalistes qui n’ont en rien empêché ni accaparement extractiviste de la nature, ni destruction des systèmes de relations internes aux écosystèmes, non plus que les souffrances animales.
Les propositions des multinationales mettent de côté la question de la biodiversité considérée comme immature du point de vue conceptuel, et dont les dépendances et les impacts sont peu immédiatement lisibles.
Ma proposition: chaque valeur de marché de dépendance et d’impact doit être conçue arithmétiquement comme facilitatrice et incitative aux bons comportements, sur le modèle des deux célèbres discussions menée par Nicolas Stern pour le prix efficace du carbone et son actualisation et par Pavan Sukhdev pour la biodiversité.
La légitimité de cette préconisation est de nature démocratique, car elle permet de débloquer la situation figée résultant de l’oppression que notre économie exerce non démocratiquement sur notre environnement, et qui détruit la biodiversité.
Le point de vue des experts, scientifiques de la biodiversité et économistes de l’écologie, sera intégré sous réserve qu’il ne débouche pas sur l’impuissance, c’est-à-dire la non monétarisation et la non monétisation.
Petit rappel : la tragédie des communs découle notamment de l’absence de valeur monétaire pour les ressources communes gratuites qui sont dilapidées de ce fait, et les remèdes apportés par les communautés responsables des communs aboutissent toutes à une monétisation de fait.
Europe: Business and biodiversity Platform

• Pour traiter la question biodiversitaire que les multinationales se sont abstenues d’aborder, la Commission européenne a lancé des études ambitieuses.
• Natural capital accounting and net impact: an investigation into the interlinkages
• « nca-b-at-b-final-net-impact-report_en.pdf »

Natural capital accounting : « identifying, quantifying and/or valuing environmental dependencies and impacts to inform business decision making and reporting. »
Monetary valuation: « additional approch, albeit with limitations, that allows enhanced comparison of trade-offs and a powerful value based perspective to help inform better decisions »
« Quantitative analysis tend to favor single-issue assessments, whilst monetary valuation appears more appropriate for multiple issue assessments, because it allows greater comparison…resources use and impacts are not currently priced at the right level. »

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Connecting finance and natural capital, a supplement to the Natural capital protocol
• « A comprehensive valuation of relevant natural capital-related costs and benefits whether in qualitative, quantitative and/or monetary terms »
• « … New potential business lines… selling carbon or biodiversity credits to developing new services offerings in terms of restoring habitats, or consulting services… »

Je préconise un indicateur socle, la superficie concernée afin que le domaine Biodiversité soit commodément pris en considération, comme le climat l’est avec l’indicateur « équivalent tonne de CO2 »
Ainsi une dépendance universelle est-elle représentée fidèlement : l’emprise des locaux de chaque entreprise.
L’artificialisation des sols –principale cause des atteintes à la biodiversité- est mesurée par les superficies occupées (majorées d’un coefficient 2 pour tenir compte des infrastructures collectives qui complètent les constructions)
Cette superficie est une approximation d’un volume (sol biologique, terre et air) dont les trois dimensions sont pertinentes pour appréhender la biodiversité (par exemple mesure statistique de la diversité en adn dans un volume de sol, qui renseigne notamment sur la diversité microbienne)
Il faut évidemment construire une équivalence entre les dépendances et impacts, et la superficie qui représenterait chaque dépendance et chaque impact. C’est exactement la démarche de l’empreinte écologique!
Le prix unitaire accordé à chaque surface occupée par une dépendance ou un impact, sera choisi conformément aux préceptes déjà évoqués.

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L’achat public, une réponse aux enjeux climatiques
• La commande publique représente dix pour cent du chiffre d’affaires du pays.
• Elle est très réglementée mais présentement elle expérimente des dispositifs permettant de verdir ses achats.
• Le levier le plus puissant à mon avis c’est la recherche de l’offre économiquement la plus avantageuse, dont on peut spécifier qu’elle minore les impacts négatifs et/ou maximise les impacts positifs.

Guide de l’achat public : L’achat public pour répondre aux enjeux climatiques.
https://www.economie.gouv.fr/daj/guide-climat.fr
Cette recherche de l’offre économiquement la plus avantageuse s’appuie sur la détermination du coût total de possession, auquel les spécificateurs ajouteront les coûts des impacts négatifs les plus materials/significatifs (tangibles et pertinents) et déduiront les bénéfices/bienfaits découlant des impacts positifs.
Il s’agit d’un raisonnement coûts/bénéfices qui permet de départager les propositions et qui incite fortement les fournisseurs soumissionnaires à la vertu environnementale.
Evidemment ceci requiert une compétence en soutenabilité que les Acheteurs publics sont en train d’acquérir sur le tas et progressivement, tout en assimilant la détermination du coût total de possession.
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Investisseurs monétisent les impacts positifs

• Les fabriquants d’indices boursiers « trackers » commencent à incorporer le paiement d’une prime environnementale lors du dénouement des fonds dits à Impact positif.
• Cette prime découle du respect de certaines performances environnementales par les investees (entrepises allocataires des fonds dont les titres et prêts sont financés par le fonds à impact positif) ces performances financières étant documentées au contrat d’allocation des fonds.
• La prime est financée logiquement par la surperformance financière des entreprises investees (financées)
Ceci est une démarche très astucieuse originaire de l’université Wharton
Il n’y a pas monétisation directe des impacts positifs, mais bien plutôt mise en évidence des surperformances financières qui sont corrélées à ces impacts.
Le travail de conception est donc centré sur l’établissement de cette corrélation (« attribution ») ainsi que sur l’acceptation de cette détermination finale par les cocontractants.
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Autres exemples concrets de monétisation des impacts positifs
• Social impact incentives : An early test in Mexico (string of diabetes clinics) meaning direct payments to ventures (capital risque) with verifiable impacts…may help nudge companies towards greater impact and help attract financing
• Interests payments of the UBS Optimus Foundation’s loan to Impact Water will be reduced if they hit targets for water purification in Ugandan schools
• Beneficial Returns has agreed to waive the final payments on loans to Sistema Biobolsa and Iluméxico in Mexico if the firms achieve their stated impact goals
• Impact carry: Bamboo Capital’s Arun Asok proposed an impact carry as a way to incentivize fund managers for generating social returns

Le business model est déséquilibré, on est encore dans l’économie du don.
Il reste à trouver des acquéreurs pour ces divers bienfaits, et ma suggestion porte sur les structures qui ne réussissent pas à apurer toutes leurs dettes environnementales, sociales ou de gouvernance, et qui peuvent acheter des impacts positifs à titre de compensation.
Il resterait à organiser un tel marché de la compensation, qu’il faudra bien sûr confier à des processus de type blockchain pour les certifier et les maintenir uniques one shot (pas de marché secondaire des compensations)
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Blockchain pour encourager les impacts positifs: Solar coin
• Cryptocurrency can be used to pay for goods or services from individuals and businesss that accept it.
• Each Solar Coin represents the generation of 1 MWh of solar electricity and is now worth 30 cents
• Solar Coin is believed to be fifty times more energy efficient that Bitcoin (mining inoffensif)

C’est une monnaie complémentaire avec l’obligation de constituer un équivalent en euro pour chaque solar coin émis, ce qui empêche totalement toute création monétaire et donc ne procure pas de ressources financières supplémentaires.
A signaler une expérience assez analogue à Brest qui récompense les comportements décarbonants à l’aide d’une monnaie locale dédiée.
Je pense qu’il faut obtenir le droit de création monétaire, justifiée par la finalité de création d’énergie solaire (non polluante et quasi gratuite en exploitation opex)
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TVA circulaire
• Pour les produits offrant des avantages environnementaux majeurs, baisser le taux de tva.
• Cette subvention peut améliorer le prix de vente des matières premières secondes donc rétablir l’égalité de concurrence avec les matières premières premières, et encourager le recyclage et la circularité.

A mettre en œuvre dans des circuits locaux, notamment des configurations de synergies industrielles.
Il faut veiller à l’innocuité globale de la charge fiscale, donc gérer localement les bonus et malus de tva pour aboutir à une même charge fiscale que dans le système classique.
Pour le coup il se peut que la subvention ne suffise pas à rétablir l’équilibre marchand entre les matières premières premières et secondes.
Et donc je propose de réfléchir à subventionner directement les matières premières secondes au cas par cas afin de rétablir leur égalité de concurrence avec les matières premières premières.
Ce qui est une manière de sanctionner les impacts négatifs (externalités négatives) occasionnés par les matières premières premières.
Plus généralement en matière fiscale, je soutiens l’orientation politique selon laquelle il faut organiser la translation des accises économiques (dont les salaires) vers les accises environnementales (sanctionner fiscalement les externalités négatives) à charge fiscale globale inchangée.

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Science based targets : monétariser les seuils acceptables
• Dans les négociations internationales, s’appuyer sur les connaissances scientifiques ( moins contestables que des jugements de valeur) pour quantifier les responsabilités de chaque nation, par attribution de sa part du fardeau de chaque impact létal (émissions de gaz à effet de serre, artificialisation des sols, destruction d’eau potable…)
• Faire le lien avec les constructions nationales de budgets annuels des nations, qui utilisent un prix pour les grands impacts négatifs: prix du carbone , prix de l’eau potable et prix des écosystèmes fournisseurs de services écosystémiques
• Par analogie procéder de même avec les grandes entreprises, ce qui débouche sur la monétarisation afin de doter les provisions comptables pour réparation des impacts négatifs (charges financières dans chaque exercice comptable)
• Et faire le lien avec les 17 Objectifs du développement durable ODD SDG sustainable development goals

Démarche rationnelle.
Mais il ne faut pas accepter que les acteurs, nationaux comme intranationaux, ne prennent pretexte de l’attribution pour limiter leurs actions ; en matière de gaz à effet de serre et de biodiversité il faut programmer la cessation totale et urgente des impacts létaux, et pas seulement de ceux qui sont attribués à chaque entité.
En d’autres termes, le souci de justice (répartition des responsabilités) ne doit pas absorber beaucoup d’efforts au détriment des actions correctives qui sont urgentissimes.
Et de la même manière la classification normative SDG de toutes les actions à mener ne doit pas faire perdre de vue le critère central de l’urgence absolue (cesser les émissions de gaz à effet de serre et cesser toute artificialisation des espaces vierges)
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Prix européen du carbone
• Les fausses déclarations des entreprises et les manipulations des escrocs à la tva ont énormément dévalué le prix européen de la tonne carbone dans le système dit ETS. (cap and trade)
• Mais les législateurs européens ont réagi en diminuant fortement les quotas gratuits accordés aux entreprises.
• Du coup, le prix de la tonne augmente et devient incitatif et le cap des 25euros devrait être atteint d’ici fin 2018
De très nombreuses entreprises réclament depuis longtemps un prix significatif pour le carbone afin de financer leurs conversions écologiques décarbonantes.
On va donc voir beaucoup d’actions de décarbonation puisque l’équation économique s’améliore, il devient rentable et profitable de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
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Comptabilite universelle marque déposée
• Dans la nouvelle économie climatique il faut récompenser les vertus, c’est possible avec l’adoption de la comptabilité universelle qui ajoute trois domaines de comptabilisation à la finance actuelle
• Il faut donc mesurer et tarifer ces actions et les résultats qu’elles obtiennnent (impacts) ainsi d’ailleurs que celles qui encouragent les salariés à cet effort et celles qui organisent la gouvernance dans cette optique
Pour l’instant on ne peut malheureusement pas trop espérer l’aide des Big Four qui préfèrent conseiller les entreprises pour leur soutenabilité plutôt que changer la comptabilité (leur cœur de métier) pour que l’économie devienne soutenable.
Et puis il faut savoir que les Big Four gagnent beaucoup d’argent dans le conseil fiscal immoral (évasions fiscales légales tant que le tribunaux ne statuent pas ) et ça mobilise les intelligences disponibles chez eux. (Corporate Europe Observatory : « Comptables d’influence, Comment les Big Four inspirent les politiques de l’Union Européenne sur l’évitement fiscal »)

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Exemple de synergie d’innovation avec l’outil comptable: le cas du vêtement

Comment tirer profit des externalités positives, en faveur des clients et en faveur des créateursTRICES

Samedi 29 avril 2017 14 h à 18 h
par Michel Veillard

1 Objectifs de la formation
Associer l’équipe à la réflexion concernant la valorisation financière des externalités positives du modèle économique, en faveur des créateursTRICES et des clientEs.
Pour ce faire :
– S’appuyer sur une présentation utilitaire des méthodes d’analyse de cycle de vie ACV (LCA life cycle assessment) au niveau global d’une entité économique et au sous niveau de chacun de ses produits/services.
– Elargir cette présentation à l’identification des coûts ACCV (LCCA life cycle costs assessment) dérivée de chaque analyse de cycle de vie de chaque produit
– Détailler les caractéristiques uniques de l’économie de fonctionnalité en tant que modèle cible
– Transmettre des notions utiles en matière de comptabilité générale et comptabilité universelle.

2 Cheminement de notre présentation
Le projet vise à supprimer de très nombreux impacts négatifs provoqués par le système actuel de l’habillement, « fast fashion», en utilisant des matériaux renouvelables avec un modèle économique de fonctionnalité – un chapitre sera consacré à une présentation succincte de l’économie de fonctionnalité.

C’est parce que les impacts négatifs n’ont pas de conséquences financières qu’ils ne sont pas pris en considération, et donc pour cette raison le système « fast fashion » perdure et continue de détruire notre biosphère : il est urgentissime de poubelliser ce modèle actuel et de le remplacer par du renouvelable et du local, avec en plus indispensablement du plaisir et de la créativité personnalisés.
J’insiste que ces deux aspects de plaisir et de personnalisation sont indispensables pour chaque pièce de vêtement, parce que nous proposons aux clientEs de remplacer une grande variété de pièces de piètre qualité et peu plaisantes, par une toute petite quantité de pièces de très grande qualité et très plaisantes.
Si ce plaisir n’est pas visible et évident, nous ne réussirons pas.
D’une certaine manière, ce plaisir constitue un bienfait, c’est l’externalité positive la plus importante, et nous devons le mettre en valeur, notamment en lui attribuant un prix (valeur du bienfait)

Les impacts négatifs n’ont pas de conséquences financières du fait qu’ils ont été écartés de la comptabilité financière, on dit qu’ils ont été externalisés et donc qu’ils constituent des externalités (négatives puisque ce sont des impacts négatifs.)

Une solution pour faire cesser les impacts négatifs pourrait être de renchérir le prix des habits à due concurrence de la valeur économique des dégâts occasionnés.
Une solution de ce type présente l’inconvénient d’être punitive et de toute façon ne peut être mise en œuvre que par des structures disposant de la capacité à obliger les consommateurs à payer, ce qui n’est pas le cas.

Il faut donc plutôt s’orienter vers un système de récompense : la non réalisation d’un impact négatif sera considérée comme un impact positif et sera rémunérée, tant en faveur des auteurs du non impact (les créateursTRICES) que du client qui acquiert (ou loue) l’habit fabriqué sans impact négatif. Il faudra veiller à partager équitablement entre créateursTRICES et clientEs la valeur économique des impacts négatifs évités, et de ne les récompenser qu’une seule fois (pas de double comptage !)
Il est donc méthodologiquement nécessaire de détailler ces impacts positifs, évaluer leur taille, volume ou intensité, leur attribuer une unité de mesure puis un cardinal de cette mesure et proposer un prix unitaire.
En pratique il faudra dans un premier temps caractériser d’abord les impacts négatifs, puis s’organiser pour les éviter, et ensuite s’autoriser à considérer ces impacts négatifs évités comme étant des impacts positifs.
Nous aboutirons alors à une représentation monétaire pour chacun de ces impacts positifs, et nous pourrons enregistrer cette valeur dans une comptabilité étendue que nous tiendrons dans le chef de notre Scop.
Ce sera l’occasion de présenter brièvement la Comptabilité Universelle qui sert précisément à enregistrer comptablement des flux d’externalités ainsi qu’à constater l’existence de stocks de ces mêmes externalités, stocks qui se sont constitués au cours de l’histoire de l’entité dont on tient la comptabilité.
Nous pourrons alors sur le fondement d’une valorisation monétaire de ces externalités positives, proposer une juste rémunération aux créateurs/TRICES et aux clientEs, d’abord pour commencer au plan symbolique.
Puis dans un deuxième temps peut être de manière financière, parce que nous travaillerons à trouver un ou des acquéreurs pour ces externalités positives, par exemple sous forme de certificats d’économie d’énergie ou d’évitement d’émissions de gaz à effet de serre ou sous forme de certificat de préservation de la biodiversité.
Ces acquisitions donneront lieu à des transactions financières et à des enregistrements comptables financiers classiques.

3 Identification et caractérisation des impacts négatifs que le projet d’économie de fonctionnalité permettra d’éviter

Nous allons utiliser une technique de révélation de la valeur des externalités positives du modèle économique, choisie parmi l’éventail des techniques imaginées par les économistes.
Le principe consiste à considérer comme externalités positives les externalités négatives évitées par ce modèle de l’économie de fonctionnalité, qui dans sa forme achevée n’utilise que des matériaux textiles et chimiques qui n’induisent que peu d’impacts négatifs, et qui fait durer longuement le plaisir de porter son vêtement, grâce à l’approche « fonctionnaliste.»
Un chapitre sera consacré à l’explicitation du modèle économique de l’économie de fonctionnalité, avec une vision prospective car il est très riche de potentialités.
Si l’on descend la chaîne de valeur des pratiques actuelles de la fast fashion :
– utilisation de matériaux textiles dérivés du pétrole (acryliques, nylons etc…) ou du bois (viscose) ou de l’agriculture intensive chimique (coton industriel) : les externalités négatives sont des émissions de gaz à effet de serre et des destructions de biodiversité (abattages de forêts pour fabriquer la viscose) ainsi que l’éviction des cultures vivrières (coton du Nil)
– utilisation lointaine de ces matières, main d’œuvre chinoise ou bengalaise pour l’essentiel, ceci constituant un impact sociétal local positif puisque ce sont des salaires qui se créent dans ces deux pays, et un impact négatif en Europe puisque ces emplois ne sont pas remplis sur place,
– importation des vêtements, par bateau principalement, avec émission de gaz à effet de serre
– durée de vie intrinsèquement très courte pour ces pièces de vêtement, donc nombreuses réitérations des externalités négatives à chaque remplacement de vêtement défraichi,
– pas de réemploi ni réutilisation possibles du fait de la fragilité des tissus polymères, donc valorisation thermique avec émission de gaz à effet de serre en fin de vie.
Le modèle économique prend l’exact contrepied de toutes ces mauvaises pratiques :
– recours exclusif à des matériaux et chimies renouvelables issues de nos territoires européens (lin, chanvre, laine, cuir…) avec peu d’émission de gaz à effet de serre et peu d’ atteinte à la biodiversité et peu d’éviction de cultures vivrières,
– emplois locaux non délocalisables (cocréation et coproduction avec les clients) qui se substituent équitablement et légitimement aux emplois chinois et bengalais, et projet de machines de production « bout en bout » contenant le pilotage informatique du stylisme et des mensurations du modèle, pour diminuer drastiquement les coûts de production de séries unitaires,
– durée de vie très longue pour ces pièces uniques, griffées, coconstruites et gérées comme autant de projets indépendants avec contrat d’entretien physique et d’ajustement esthétique corporel perpétuel,
– réutilisation par locations successives, puis réemploi sous forme de pièces de tissu.

On le voit, il est théoriquement possible de donner un coût pour les impacts économiques négatifs évités et d’allouer cette somme en la partageant entre les créateurTRICES et les clientEs.
Mais il y faut beaucoup de documentation chiffrée évaluant des pollutions, sans parler des contestations diverses évidemment nombreuses.
C’est pourquoi nous allons nous faciliter la vie en nous appuyant sur des chiffres proposés par Kering, chiffres qui sont acceptables par le marché, même si la transparence quant à la détermination de ces coûts n’est pas en place et même si la minoration de ces coûts est flagrante (la prix de la tonne de CO2 est évidemment très loin des 400 euro réels.)
Le principe sera que nous procéderons par soustraction entre le coût indiqué pour la pire configuration (textiles pétrolier et Chine) et la meilleure (lin et Europe) ce qui nous fournira le montant des externalités négatives évitées.
Puis nous multiplierons ce montant par le nombre de pièces de vêtement « fast fashion » que notre clientE pourrait acheter avec le prix de vente de notre vêtement (400 euro hors taxe, donc quatre vêtements à 100 euro hors taxe chaque, si vous en êtes d’accord.)
Et nous additionnerons cinq fois ce montant pour obtenir la totalité des impacts négatifs évités pendant les cinq années de durée de vie moyenne de notre vêtement, si vous en êtes d’accord.

La Sustainable Apparel Coalition
http://apparelcoalition.org/
a entrepris la tâche de recenser les impacts négatifs de la chaine de valeur du vêtement et a consolidé des données quantitatives pour dégager un total validé par ses membres participants, total qui, je crois, est répertorié dans le catalogue des « indices de Higgs »
La méthode utilisée est l’analyse de cycle de vie de l’ensemble des produits des sociétés qui participent à la coalition, c’est une approche globale qui prend en compte au niveau agrégé les consommations de ressource de chaque entité économique, sans détailler, me semble-t-il, les caractéristiques de chaque produit séparément.
Les résultats de ce travail très difficile et très volumineux sont disponibles pour les membres participants de la Sustainable Apparel Coalition, mais je n’ai pas réussi à me les procurer, du moins pas encore.

Dans le même ordre d’idées, Kering propose à ses créateursTRICES un outil « My E P&L » (« my environmental profits and losses, mon compte de résultat environnemental ») qui indique pour une veste, un bijou, des chaussures et un sac à main, des coûts en euros attribués aux externalités négatives pour différentes configurations géographiques et de matériaux utilisés, afin d’inciter aux solutions de production les moins polluantes.
Les données utilisées sont de la même nature que celles de l’American Apparel Coalition.
Les indicateurs ne sont pas publiés, non plus que les prix unitaires attribués à chaque externalité négative.
Je présente ci-après les résultats concernant une veste de laine.
L’outil My EP&L est téléchargeable à l’adresse suivante :
http://www.kering.com/en/press-releases/kering_and_parsons_school_of_design_collaborate_on_measuring_environmental_impact_of
Kering annonce dans son rapport RSE 2016 publié le 30 mars 2017

Click to access kering_referencedocument2016.pdf

qu’il fournira en 2017 de nombreux autres cas de figure en complément des quatre exemples initiaux.
Nous pourrons donc prendre appui sur ces chiffres pour comparer les configurations géographiques et de matériaux utilisés, malgré mes réserves quant aux prix retenus pour valoriser les observations menées par Kering.
Par contre je ne conteste pas les observations menées par Kering, parce que je n’ai aucun élément pour évaluer les indicateurs et leurs cardinaux.

Cas d’une veste de laine (je n’ai pas retenu celui de la laine cachemire)
Main fabric : wool from New Zealand
inner lining (doublure) coton from China
Buttons thermoplastic from China
Manufacturing region Asia
Coût total 34 euro, dont 3 air pollution, 5 waste, 10 CO2 emissions, 8 consommations d’eau, 6 usage de sols, 2 pollution des eaux.
Main fabric : wool from France
inner lining (doublure) coton bio de Chine
buttons bamboo de Chine
Manufacturing region Europe
Coût total 15 euro, dont 4,2 air pollution, 1 waste, 6 CO2 emissions, 0 consommation d’eau, 5 usage des sols, 0 pollution des eaux.
Donc l’écart entre ces deux configurations est 34 – 15 = 19 euro
A noter cette synthèse intéressante fournie par Kering : higher impact options 48,48, lower impact options 12,64 donc écart : 35,84 euro
Et aussi cette précision très intéressante : manufacturing 24,34 euro en Chine et 4,20 euro en Europe.

4 Evocation des démarches d’analyse de cycle de vie ACV, LCA en anglais, et des évaluations de coûts économiques pour les externalités identifiées par l’ACV ACCV, et LCCA.
Le principe consiste à étudier successivement et séparément toutes les étapes de la vie d’un produit ou d’un service dans le but d’identifier les impacts divers qui sont occasionnés.
Ces impacts concernent le climat, la biodiversité, la ressource hydrique, les salariés, les utilisateurs et la société globalement.
Les impacts sont décrits sous forme d’indicateurs avec des unités de mesure physiques communément acceptées et avec des prix unitaires également communément acceptés.
Ces impacts sont le plus souvent ignorés par la comptabilité financière des entités sous revue, et constituent de ce point de vue des externalités, ils restent extérieurs à la vision du dirigeant.
L’analyse de cycle de vie a pour but de les dévoiler.
Elle s’intéresse à la naissance des produits/services, à leur vie et à leur maintenance, à l’usage qui en est fait, ainsi qu’à la fin de leur vie avec éventuellement recyclage plus ou moins intégral.
Elle comporte donc la description du coût total de possession du bien/service (acquisition et utilisation et fin de vie) au titre duquel elle décrit certaines externalités, négatives comme positives.

Voici une illustration de ces démarches d’analyse.
On commence par l’extraction des matières premières : elle implique des dépenses énergétiques responsables d’émissions de CO2, et des atteintes à la biodiversité par la destruction des sols arables ou naturels qui recouvrent les minéraux.
Il faudra ensuite transporter les minéraux avec donc une nouvelle pénalité énergétique et donc climatique.
La transformation des minéraux comporte une forte pénalité climatique.
Le transport des matières premières utilisables donc sous forme de métaux purifiés engendre des pollutions climatiques.
La fabrication des produits semi-finis engendre des pollutions climatiques.
L’assemblage des produits semi-finis également.
La commercialisation des produits et leur livraison aux clients également.
L’utilisation des produits consomme des intrants dont il faut étudier le cycle de vie, par exemple consommation d’énergie non renouvelable pour un moteur thermique.
Des déchets sont produits pendant la phase d’utilisation et il est nécessaire d’analyser leur devenir, car souvent ils polluent sous forme d’atteintes à la biodiversité (plastiques dans l’océan…)
La phase d’utilisation du produit implique des réparations et aussi des évolutions, par retrofit d’améliorations techniques, et ces diverses opérations induisent des pollutions climatiques.
L’utilisateur peut céder le produit qui sera réutilisé, ou peut le faire déassembler/déconstruire pour une réutilisation de certains éléments, ou peut le poubelliser ; dans chacune de ces hypothèses il faut étudier les externalités négatives induites.

Pendant cette démarche il faut évaluer les quantités de chaque pollution ou bienfait identifié, donc choisir un indicateur physique et mesurer le cardinal de chaque pollution ou bienfait.
Il faut aussi se décider quant à un prix unitaire à affecter à chaque nature de pollution ou bienfait, ce qui fournira un coût effectif pour chaque pollution ou bienfait à chaque étape.
En pratique je crois que l’on procède toujours par une analyse de cycle de vie globale en étudiant les flux et les stocks de ressources qui entrent et sortent de l’entité économique, parce que ces données agrégées sont disponibles et donc peu onéreuses à collecter.
La démarche de Kering, qui analyse par produit individualisé et pour plusieurs configurations de chaîne de valeur pour ce produit individualisé, est très exceptionnelle parce que très coûteuse et aussi très, très méticuleuse.
L’évolution prévisible et programmée de la commande publique vers davantage de soutenabilité passe par une bonne dose d’ACV et d’ACCV, mais sous une forme davantage conceptuelle (« la pensée ACV ») que littérale, et aboutit à la comparaison des coûts et des bénéfices (« analyse coûts/bénéfices ») des soumissions concurrentes pour les départager et retenir l’offre économiquement la plus avantageuse (c’est l’offre qui décrit le mieux les spécifications de son produit/service en y incluant les externalités positives et négatives, et dont le rapport coût/ bénéfice est le plus faible)
Nous pouvons procéder ensemble à l’ACCV du modèle économique cible de La Fabrique Idéale en nous appuyant sur la présente note méthodologique, et ce discours sur la méthode sera je crois très utile pour intéresser nos clientEs.

5 Economie de fonctionnalité appliquée
Le modèle économique décrit ci-après est une cible théorique, pour l’heure l’équipe tâtonne pour proposer des solutions moins polluantes à ses clientEs, notamment avec un mécanisme de consigne.

Le modèle porte de nombreuses innovations et il est utile de les avoir en tête pour être prêt à les introduire lorsque des opportunités se présentent.
Commentons les deux exemples historiques Xerox et Michelin……

L’économie de fonctionnalité est considérée comme une variante de l’économie circulaire.
L’économie circulaire s’appuie sur l’écoconception pour minimiser les consommations de ressources et s’efforce de boucler les cycles d’utilisation des ressources, en recyclant au maximum possible.
Il en découle une diminution unitaire des consommations de ressources, mais l’effet rebond peut malgré cela augmenter globalement les consommations de ressources.
L’économie circulaire agit sur les facteurs de production et intervient assez peu dans le champ de la consommation, d’où cette possibilité d’effet rebond.

L’économie de fonctionnalité reprend les standards de l’économie circulaire et y ajoute une reconception de la consommation qui vient précisément empêcher l’effet rebond.
Dans le fonctionnalisme, les attentes, les demandes et les besoins des clientEs sont saturés par l’offre sophistiquée proposée par l’entité intégratrice.
Les clientEs n’ont donc pas besoin de multiplier les acquisitions de biens matériels, parce qu’ilsELLES sont pleinement satisfaitEs des services que leur rend la solution proposée.

D’un point de vue méthodologique, le fonctionnalisme se caractérise par son caractère territorial qui lui permet de s’appuyer sur un milieu économique et technique local en promouvant des coopérations territoriales ad hoc (c’est-à-dire spécifiques pour chaque gamme de produit/service)
Ceci augmente pour l’entité intégratrice la quantité de ressources matérielles et humaines mobilisables, ainsi que le portefeuille de compétences variées susceptibles d’être associées à la création/réalisation de solutions fonctionnalistes.
Ce caractère local rend les ressources humaines non délocalisables et donc favorise l’emploi local.

Une autre caractéristique importante du fonctionnalisme est la co-construction (et on vient d’inventer la co-réalisation) de l’offre proposée aux clientEs.
Cette démarche inhabituelle produit une excellente adaptation de l’offre aux besoins, aux attentes et aux demandes des clientEs, qui est gage de leur satisfaction de long terme.

La création et la réalisation personnalisées permettent le griffage unique de chaque produit/service proposé et du fait de son coût élevé, induit forcément la nécessité de faire perdurer le plus possible le produit/service, dans une logique d’amortissement financier pour le/la clientE.
Faire perdurer passe par une stratégie d’entretien de l’affect du/de la clientE à l’égard du produit, stratégie dans laquelle des ajustements physiques sont organisés pour entretenir le sentiment de pleine satisfaction, en complément des opérations classiques d’entretien/maintenance.

La négociation initiale de co-création et co-réalisation avec le/la clientE pour déterminer précisément les spécifications qui lui conviennent, permet l’exercice épanoui de la créativité du/de la styliste qui pilotera le vêtement, lequel est conçu comme un projet avec une naissance, une vie et une fin de vie.
Cette approche doit être bien transmise au/à la clientE afin qu’il/elle accepte aussi de négocier le financement du produit/service, avec une règle simple consistant à synchroniser ses paiements avec les décaissements de trésorerie contraints pour LFI (acquisition des matériaux, salaire du/de la styliste, coûts d’entretien et de maintenance évolutive, coûts de fin de vie…)
Le produit/service revêt nécessairement un caractère unique du fait des modalités de sa conception et de sa réalisation.
A ce titre il peut être identifié, tracé (puce RFID) et suivi, notamment pour des re-utilisations à titre onéreux, comme il est d’usage par exemple pour des montres de collection.
Il est totalement impossible d’imaginer un style qui serait spécifique à LFI, qui ne se positionne pas comme une maison de mode.
Par contre, le recours exclusif aux textiles locaux (européens) lin, laine, cuir et soie, et l’originalité de la co-construction et co-réalisation de l’offre, permettront que le public mémorisera la marque La Fabrique Idéale et sa licence Perpétuel Renouveau.

6 Comptabilisation des impacts positifs et de quelques impacts négatifs, pour documenter les bienfaits environnementaux et autres apportés par le projet
Si l’on souhaite que le modèle vertueux se propage sur le marché, il est indispensable d’en enregistrer au format comptable les bienfaits, dans une logique de séduction financière des publics d’entrepreneurs susceptibles d’adopter le modèle.
Cette propagation est très souhaitable pour enclencher les solutions efficaces de découplage (des consommations de ressources d’avec l’activité économique) qui vont alléger les atteintes à l’environnement et ainsi permettront notre maintien dans une biosphère préservée.

Une comptabilité générale fonctionne en comparant deux inventaires physiques successifs, inventaires des éléments constitutifs de l’activité économique de l’entité sous revue.
Ces inventaires successifs périodiques sont appelés des bilans.
Ils sont modifiés par des évènements comptables survenant pendant l’exercice qui sépare deux bilans (bilan d’ouverture et bilan de clôture)
Ces évènements augmentent ou diminuent les divers postes comptables qui constituent un bilan.
Ils sont prouvés et prouvables par des documents qui les attestent, ces documents sont nommés « pièces justificatives », et il faut créer une organisation proprement comptable pour créer, exploiter, conserver et exhiber ces pièces justificatives.
Les écritures comptables qui modifient les postes du bilan sont des charges (qui diminuent le patrimoine de l’entité) ou des produits (qui augmentent le patrimoine de l’entité)
Ces écritures sont passées en temps réel et sont enregistrées dans un journal et sont simultanément affectées à des comptes de charges et de produits, qui eux-mêmes sont regroupés dans le compte de résultat de l’exercice.
En fin d’exercice le résultat du compte de résultat est affecté au bilan (de clôture)
[Dans notre comptabilité universelle extra financière nous nous autorisons de mouvementer directement et au fil de l’eau les postes de bilan sans attendre de décomposer le résultat de l’exercice par les écritures de fin d’année (« écritures d’inventaire ») qui sont passées pour tirer les conséquences bilantielles des évènements comptables de l’exercice.]
Un bilan est un tableau d’emplois-ressources.
Dans sa colonne de droite dénommée « passif » sont décrites les ressources financières de l’entité, qui sont des quantités d’argent mises à la disposition de l’entité par des bailleurs de fonds (les actionnaires) ou par des prêteurs (les créanciers obligataires, les banques,..)
Ces tiers restent toutefois propriétaires de ces ressources, soit de manière indirecte comme les actionnaires qui possèdent des parts de l’entité, soit de manière directe comme les créanciers qui détiennent des titres de dette.
Dans la colonne de gauche dénommée « actif » figurent les utilisations qui sont faites de ces ressources, principalement des moyens de production et des stocks de produits finis.

Cette comptabilité générale est financière parce qu’elle n’enregistre que des évènements qui sont traductibles en termes monétaires, c’est-à-dire qui sont caractérisables par un prix.
Chaque prix est révélé lors de chaque transaction.
Une collection de prix pour une succession d’évènements comptables impliquant un même élément économique, permet de définir un prix de marché (« mark to market »)
Si ce n’est pas possible, par exemple pour les titres de placement financier dont la valeur change à chaque instant du fait des fluctuation de marché des titres, on créé un modèle de ce prix (un système mathématique probabiliste qui rend compte des variations de prix historiquement observées) et ce système permet d’affecter un prix calculé (« mark to model ») à l’élément comptable considéré.
Ce mécanisme de « mark to model » étant légitime du fait de nombreux précédents acceptés par la communauté comptable, c’est celui que nous appliquerons pour déterminer les prix des externalités positives et négatives.
Nous aurons recours à des avis d’experts et à la décision finale du groupe de parties prenantes intéressées pour choisir les prix des différentes externalités.
Dans un premier temps nous nous calerons facilement sur les valeurs proposées par Kering.

Nous allons ensemble passer les écritures concernant la pollution environnementale (15 euro) et la pollution environnementale évitée (34 – 15 = 19 euro) tant en compte de résultat (charge et produit) qu’en compte de bilan (dette environnementale et actif négociable )

Ainsi ce faisant nous reconnaissons les impacts négatifs survenus dans l’exercice et nous les stockons en dette environnementale, ce qui créée les conditions pour réparer (c’est à dire réparer les pollutions du passé) soit donc, ce qui permet de créer un marché de la réparation (assez semblable au marché de la compensation)

Ainsi nous reconnaissons les impacts positifs (plus exactement les impacts négatifs évités) survenus pendant l’exercice et nous les stockons pour les vendre à de acquéreurs désireux de compenser ou réparer.

7 Conclusion

La complexité dissimulée de cette étude découle du caractère holiste de l’analyse qui la sous-tend, ainsi que de l’approche systémique qui dicte les différentes actions à mener.
Cette culture de l’holisme et du systémique est importante pour argumenter et convaincre.
Elle sert aussi à choisir les actions à mener en ne négligeant rien d’important (holisme) et en prenant en considération toutes les interactions potentielles (systémique.)

Comptabiliser pour hâter la conversion écologique

Comptabiliser pour hâter la conversion écologique

Mieux comptabiliser pour hâter la transition écologique

 

Présentation de la Comptabilité Universelle®

La preuve du concept

Deux exemples montrent comment la puissance de l’outil comptable peut susciter des actions concrètes indispensables. Enregistrer, dans le domaine comptable supplémentaire environnemental, les quantités d’énergie dissipées par évaporation, permet de documenter les gaspillages énergétiques correspondants. Pour bien se faire comprendre, ces quantités d’énergie gaspillées peuvent être mesurées à l’aide de l’indicateur «certificat d’économie d’énergie » qui définit des quantités d’énergie cumulées. Et ces certificats ont une valeur monétaire, un prix qui permet l’enregistrement comptable. Dans la comptabilité actuelle, on n’enregistre que le coût global des énergies, dont une partie est gaspillée mais n’est pas identifiée. Le fait de repérer ces fuites d’énergie est une forte incitation, notamment du point de vue des actionnaires, à la récupération (cogénération) des fuites énergétiques et à leur recyclage dans les processus de l’entreprise (ou dans une symbiose industrielle)

Enregistrer, dans le domaine comptable supplémentaire de l’environnement, les quantités de déchets recyclables (ces déchets constituent des minerais de matières premières secondes) ou réutilisables, permet de documenter les gaspillages environnementaux correspondants (coûts environnementaux d’obtention de ces matières qui sont traitées en déchets) Pour bien se faire comprendre, ces coûts environnementaux d’obtention peuvent être utilisés comme indicateurs de la valeur financière de ces minéraux de matières premières secondes. Le prix de revient des matières premières secondes comprendra donc les coûts de réhabilitation (passer du minerai à la matière première seconde) diminué des coûts environnementaux d’obtention que l’on évitera. Dans la comptabilité actuelle on n’enregistre pas ces coûts environnementaux d’obtention et de ce fait les matières premières premières ont un prix apparent plus faible que les matières premières secondes. Le fait de rétablir la vérité des prix des matières premières premières incite structurellement (par la mobilisation des actionnaires !) à recourir aux matières premières secondes.

 

Pourquoi entreprendre de transformer la comptabilité ?

Il s’agit des jumelles, de la boussole et des lunettes des décideurs des sous-systèmes opérant dans le champ économique.Donc modifier ces représentations contribue à enclencher de nouvelles actions vers la soutenabilité. Ces premières actions auront un retour qui modifiera consécutivement ces mêmes représentations, et ainsi de suite. L’impact de la comptabilité sur les décisions des acteurs économiques est extrêmement considérable, et donc élargir le périmètre des évènements enregistrés en comptabilité aura un très fort impact. Le comportement individuel des participants d’une nuée d’oiseaux et d’un banc de poissons a été modélisé avec succès par la routine simple et élégante que voici : tout se passe comme si chaque participant se calait sur un de ses proches voisins, choisi de manière aléatoire mais pour toute la durée des évolutions, et le suivait fidèlement dans ses manœuvres aériennes ou nautiques. La recherche d’optimisation financière joue, me semble-t-il, le même rôle dans le fonctionnement actuel des économies de tous les pays. Ce mécanisme d’optimisation est très puissant, et les procédures des International Financial Reporting Standards en ont conceptualisé et réglementé les principales implications pratiques. Ceci est maintenant très intériorisé dans les comportements, dans les décisions et dans les représentations mentales. Il serait donc fallacieux d’imaginer réussir à s’en défaire avant que le climat soit parti en cataclysme (« run away climate disruption ») Par contre il est logique, réaliste et déjà entrepris, de modifier dans les esprits la définition de l’optimisation financière. Je propose de modifier le référentiel des profits pour changer les résultats des comportements d’optimisation financière. Un premier exemple illustre bien cette idée de modifier le paramétrage sans changer les traitements : c’est exactement ce que réclament les grandes entreprises qui désirent que soit mis en place un système de prix pour les émissions de gaz à effet de serre.

 

Soutenir la conversion écologique :

de nombreuses entités économiques (entreprises, associations, collectivités locales) s’efforcent de modifier leurs actions pour diminuer les impacts de ces diverses catastrophes qui affectent nos populations. De ce fait ces entités sont amenées à financer des projets qui comportent une part importante de résultats positifs dans les champs climatique, biodiversitaire, etc.., cependant que leurs clients et leurs utilisateurs, ne paient pas le prix de ces suppléments très utiles et importants. La comptabilité universelle permet de faire délibérer les entités avec leurs clients, leurs fournisseurs, leurs financeurs, afin d’identifier-quantifier- certifier ces enjeux et de convenir d’investir autant que nécessaire, et de payer autant que nécessaire .

Mesurer pour agir :

à ce jour, pas ou peu de métrologie traduite dans les comptes, pour les champs du développement soutenable : gouvernance, social, sociétal et environnemental. A ce jour, les externalités positives et négatives n’ont pas été internalisées sur le fondement de normes consensuelles, voire même sur le fondement de calibrages expérimentaux conçus pour entreprendre d’aller dans les bonnes directions.

Critique de la comptabilité actuelle :

théorie de l’Agence, Principal, noeud de contrats…Le Principal reçoit le solde annuel et la comptabilité a pour mission de dégager ce solde en établissant les chiffres incontestables du partage entre le Principal et ses Agents: obsession financière et fiscale, vision extrêmement réductrice… Basculer dans la théorie de l’entreprise copilotée par les parties prenantes , dans la délibération permanente organisée par le chef d’entreprise.

Économisme et financiarisation :

sortir de l’exclusivité épistémologique accordée à la grille de lecture économique, économie mesure de toutes choses. Quitter la surdétermination étouffante induite par l’obligation catégorique de maximiser le profit, qui empêche notamment de financer le maintien de la sécurité, et de financer le remplacement/renouvellement des ressources qui sont consommées ;.. Plafonner les profits annuels (rendement et plus-value) à 3% du chiffre d’affaires annuel, confisquer l’excédent par l’impôt et financer ainsi la conversion écologique.

Objectifs assignés à cette Comptabilité Universelle :

modifier les représentations mentales afin de sortir du totalitarisme économistique/economystique pour basculer dans la soutenabilité, fournir des mesures consensuelles afin d’agir, apporter de nouvelles règles pour réorienter l’activité industrielle et servicielle, ainsi que la consommation.

Moyens à utiliser :

concertation avec les parties prenantes, selon deux étapes ; indicateurs « physiques » et leur coconstruction, puis négociation pour procéder à leur conversion en euros de représentation, permettant de dresser un tableau synoptique des cinq domaines comptables du développement soutenable, on utilise en l’occurrence la fonction de mesure de la monnaie euro, à l’exclusion de sa fonction d’échange et de sa fonction d’épargne… création de quatre alias de l’entité économique sous revue, dans les outils informatiques de comptabilité couramment employés, publication des états chiffrés dans l’Annexe aux comptes financiers, éventuellement certifiables par le commissaire aux comptes.

Contenus de la comptabilité universelle : descripteur des stratégies retenues,

exposées dans quatre champs : gouvernance, social, sociétal et environnemental. Coconstruction des stratégies avec les parties prenantes : inventaire partagé des enjeux, recherche des stratégies possibles, choix d’une stratégie pour chaque domaine du développement soutenable, coconstruction des plans d’actions et des indicateurs de suivi (indicateurs de moyens d’actions , de causalité des impacts et de mesure des impacts)

Bilan d’ouverture pour chacun des cinq domaines comptables

y faire figurer, au titre de l’initialisation du processus qui va apprendre et évoluer, un inventaire d’une externalité négative et un inventaire d’une externalité positive ce qui constituera un point de départ pour imaginer les actions souhaitables, par exemple : le repérage du stock historique des émissions passées de CO2, amène à une prise de conscience d’impact et à la recherche de solutions futures (cesser les émissions) et aussi réparatrices (retour arrière pour ces émissions historiques)

Bilan de clôture pour chacun des cinq domaines comptables

y inscrire l’état atteint par chacune des externalités, positive et négative, au terme de la période sous revue (douze mois, ou éventuellement une autre durée )

Compte d’exploitation-compte de résultat

il rend compte des changements intervenus entre les deux bilans, sous forme d’écritures de charges et de produits, qui correspondent respectivement :
– pour les charges, à une augmentation d’externalité négative ou une diminution d’externalité positive,
– et pour les produits, à une diminution d’externalité négative et à une augmentation d’externalité positive

Nouvelles règles comptables, quelques exemples

l’année n’est pas nécessairement l’unité de temps pertinente, ainsi dix années correspondent mieux àune séquence d’action concrète dans le domaine des gaz à effet de serre ; les chiffres qui ont été enregistrés dans le passé, peuvent être repris et modifiés dans les années suivantes, notamment si les progrès de la connaissance ou l’évolution des mentalités débouchent sur des quantifications différentes ; ces dérogations aux règles de la comptabilité légale officielle sont possibles grâce au consentement des acteurs concernés (décideur et parties prenantes) et parce que la comptabilité universelle est officieuse, expérimentale, elle constitue effectivement la loi des parties prenantes et du décideur entre eux (d’où la possibilité de changer leur loi commune par consensus de ces acteurs)

Comparabilité : la comptabilité financière officielle rend ce service important de permettre auxinvestisseurs de comparer entre elles toutes les entités économiques finançables. Par contre la comptabilité universelle ne permettra la comparaison qu’au sein d’un même secteur économique et au sein d’une même filière, et seulement après que les meilleures pratiques y auront été plébiscitées par adoption généralisée (notamment le choix des indicateurs les plus pertinents)

Non consolidation des cinq domaines comptables afin de garantir une forte soutenabilité :

ceci oblige en pratique à réussir les stratégies dans chacun des cinq domaines, qui ne peuvent se compenser mutuellement. Toute démarche de compensation entre ces cinq domaines du développement soutenable, porte le germe du verchiement puisque des exigences dirimantes sont ainsi effacées.

Domaine comptable de la gouvernance

Nous proposons une stratégie globale à nos clients, au service de la transformation/conversion écologique de leur structure (entreprise, association, collectivité locale) Le premier volet de cette proposition globale doit être mis en oeuvre d’abord, il s’agit de la gouvernance au service du développement soutenable de l’entité. Conseil d’administration ou équivalent (cercle des conseillers du dirigeant) Direction du développement durable ou équivalent (responsable Qualité, responsable Achats) Sensibilisation massive des collaborateursTRICES Plan de formations professionnelles aux techniques soutenables : par exemple bâtiment (isolation) énergie (énergies renouvelables) pour s’approprier les nouvelles techniques qui remplacent l’existant (révolution technologique vers la décroissance heureuse) On utilisera dans un premier temps le coût des actions évoquées ci-dessus, pour en donner une représentation comptable. Puis dans un deuxième temps on pourra constater comptablement les heureux effets de cette structuration de la gouvernance : des actions vers la soutenabilité vont être entreprises et produiront rapidement des effets positifs, qui pourront être attribués à la gouvernance (imputés, affectés pour utiliser la terminologie habituelle de la comptabilité analytique) A cet égard, je signale que nous ne nous interdisons pas de constater plusieurs fois dans plusieurs domaines comptables un même événement (un même fait générateur) Exemple concret :la formation des équipes d’entretien aux techniques et matériaux doux pour le nettoyage des locaux et l’entretien des espaces verts, représente un coût que l’on connaît et qui sera enregistré comme étant un actif immatériel (la formation des personnes a créé des compétences qui permettent d’utiliser les techniques douces et de communiquer à ce sujet avec les usagers) Les produits engendrés par cette formation sont les retombées positives du recours aux techniques douces : beaucoup moins de pollutions chimiques, espacement dans le temps des actions de nettoyage.. Ces deux exemples de produits (au sens comptable) seront constatés à la fois dans le domaine comptable de l’environnement, et aussi dans le domaine comptable de la gouvernance.

Domaine comptable du social

Eu égard à l’ampleur des changements requis par la transformation/conversion écologique, ainsi qu’à son urgence, il est indispensable de débuter la conversion par la construction délibérée du consentement des collaborateursTRICES afin de pouvoir s’appuyer sur leur coopération active et bienveillante. On traitera donc deux dossiers fondateurs : meilleur partage de la plus-value en faveur des salarieEs, et prise en compte des personnes dans leur entièreté (concertation permanente) Le premier thème Partage de la valeur ajoutée, sera décrit comptablement par son impact sur la masse salariale, dont on vérifiera qu’elle augmentera progressivement, toutes choses égales par ailleurs (donc démarche proforma pour simuler la situation théorique « toutes choses égales par ailleurs ») Le deuxième thème Personne dans son entièreté est très délicat à appréhender, et ce seront des approches qualitatives par entretiens et avec des vérifications qui croiseront les assertions des uns avec celles des autres. On obtiendra des qualifications plutôt que des quantifications. Et ce sera laresponsabilité assumée par le consultant, que d’affecter un prix donc une valeur arbitraire à ces indications qualitatives. Ce qui est important et utile, c’est la coconstruction des indicateurs qualitatifs avec toutes les personnes concernées. La représentation monétaire n’est qu’utilitaire, indispensable pour unifier la représentation des cinq domaines comptables hétéroclites et à faire ainsi évoluer les représentations mentales (par exemple : capital humain non substituable >>capital financier fongible)

Domaine comptable de l’environnement

La problématique de la pollution climatique par les émissions d’énergie thermique nucléaire (production de 70% de notre électricité nationale) dans l’atmosphère (toutes les sources d’énergie gaspillée, notamment par la nécessité de refroidir les appareils..) et par les émissions de gaz à effet de serre CO2, CH4, NOx, CFC, H2O, donne lieu à enregistrement de données physiques : joules dissipés dans l’atmosphère (qui augmentent l’énergie climatique et donc qui augmentent l’ampleur du dérèglement climatique) et masse des molécules de ces gaz à effet de serre. C’est ce que l’on appelle une comptabilité-matières. Nous proposons dans un deuxième temps, d’affecter un prix à ces éléments (énergies dissipées et gaz à effet de serre) afin de pouvoir les enregistrer en comptabilité du domaine environnement. Donc discussion avec les parties prenantes pour choisir des prix. Nous préconisons des prix très élevés, pour la raison que les gaz à effet de serre émis aujourd’hui, produiront leurs effets climatiques pendant très longtemps : plus tôt on cessera de les émettre, moins le système climatique se déréglera, et plus on évitera de franchir des seuils de non-retour (par exemple, fonte brutale et complète du Groenland…) Concernant la biodiversité, nous proposons un indicateur qui permet d’impliquer absolument toutes les entités économiques : superficie occupée physiquement par son emprise au sol, majorée d’un coefficient amplificateur (facteur 10 pour prendre en compte les sols artificialisés par la société dans son ensemble, et utilisés pour sa part par l’entité économique sous revue)

 

Perspectives pour la Comptabilité Universelle

Le développement souhaitable des diverses monnaies complémentaires, tant locales que régionales voire nationales, est une convergence avec la mise en oeuvre de la comptabilité universelle qui permet de suivre précisément les échanges et surtout les actifs immatériels qui sont créés grâce aux monnaies qui financent leur création. La convergence, inéluctable selon moi, des méthodologies de rapportage RSE (GRI, IIRC,…) avec les IFRS, pourra s’enrichir des préconisations d’élargissement du périmètre comptable, et surtout de délibération permanente avec les parties intéressées.

La solvabilisation (monétisation) des externalités positives soutenables qui complètent les biens et services traditionnels, garantie par la comptabilité universelle qui modélise efficacement ces externalités positives ; cette solvabilisation va permettre le financement des projets qui produiront les externalités positives. Les nouveaux modèles économiques seront mis en valeur par la prise en compte de leurs vertus économiques dissimulées : fonctionnalisme et ses externalités positives, perpétualisation (à l’opposé de l’obsolescence programmée) et circularisation des modes de production…

 

 

Se référer au « Manifeste pour une comptabilité universelle » dans la collection « Un autre regard » chez L’Harmattan, juin 2012, Michel Veillard et alii

 

Convergence RSE IFRS

Progrès observés de la prise en compte financière des éléments de la soutenabilité

Posté samedi 26 mars 2016   Michel Veillard

 

Pourquoi faut-il prendre financièrement en compte les éléments de la soutenabilité ?

De nombreux effets de l’activité économique demeurent hors champ des enregistrements comptables : ainsi par exemple les atteintes à la biodiversité qui découlent de l’artificialisation des sols, due à l’expansion des villes, ne sont jamais prises en considération dans les comptes de résultat des acteurs de l’expansion des villes. Si un impact négatif, tel que les atteintes à la biodiversité, n’est pas enregistré dans la comptabilité des acteurs, alors il n’existe pas pour ces acteurs qui donc ne se préoccupent pas de le limiter du mieux possible.

Les entités économiques, entreprises, associations et collectivités, ont besoin de mesurer les impacts de soutenabilité, tant négatifs que positifs, pour agir afin de les diminuer et resp. les augmenter. En particulier, il est indispensable de mesurer l’évolution de ces impacts après la mise en oeuvre des actions en faveur de la soutenabilité.

Cette mesure passe par des indicateurs, plus ou moins normalisés, parfois obtenus à partir de modélisations très simplificatrices.

Mais cette description chiffrée à l’aide d’indicateurs ne peut pas suffire, parce qu’il faut pondérer les différents impacts sous revue, afin d’arbitrer les actions à entreprendre selon l’importance respective des impacts que ces actions vont diminuer resp. augmenter. Ce que l’on appelle l’intégration des données sociales, environnementales et économiques permet à une Direction de procéder aux inévitables arbitrages parce que les enjeux et les impacts sont décrits d’une manière homogène qui les rend comparables entre eux. Quoi de mieux qu’un système de prix pour étalonner des variables de natures différentes ?

On utilise, consciemment, ou sans le savoir, la démarche d’analyse coûts /bénéfices pour décrire exhaustivement les impacts négatifs et positifs et leur affecter une valeur (une pondération) grâce au choix d’un prix unitaire pour chacun, qui sera multiplié par la quantité mesurée pour obtenir le coût et resp. le bénéfice.

 

Deux exemples concrets récemment publiés

L’Institut national de la recherche agronomique INRA a mené une étude rétrospective sur l’ensemble des impacts négatifs et positifs de l’utilisation agricole des pesticides aux Etats Unis. L’étude est publiée sous le nom de Denis Bourguet dans la revue à comité de lecture Sustainable Agriculture Reviews. Le Monde du 19 3 2016 en rend compte sous la plume de Stéphane Foucart. Le socle de l’étude est une démarche d’analyse globale du cycle de vie des pesticides qui identifie et quantifie les effets négatifs et positifs de ces substances lors de leur fabrication puis lors de leur utilisation et enfin pendant leur très lente dégradation dans l’environnement. Les impacts négatifs cités pèsent annuellement 40 milliards de dollars, à comparer aux bénéfices de production agricole évalués à 27 milliards de dollars par an. Les impacts négatifs sont autant de coûts cachés : environnementaux, sanitaires, réglementaires et évitement des pesticides. Les coûts environnementaux représentent les atteintes aux services écosystémiques, dont notamment la pollinisation par les butineurs. Les coûts sanitaires reflètent les atteintes aux travailleurs, santé publique obérée, ainsi que leur perte de productivité. Les coûts réglementaires sont les frais engagés par l’administration pour contrôler les épandages et pour réparer les dégâts (notamment pour la ressource hydrique) Les frais d’évitement correspondent aux surcoûts pour les consommateurs qui recherchent des aliments dépourvus de pesticides. Des exemples d’impacts négatifs, appelés externalités négatives parce qu’ils ne sont pas internalisés dans la modélisation économique traditionnelle, sont décrits sommairement ainsi : – pertes de rendement agricole dues aux résistances aux pesticides pour 2,3 milliards de dollars, – coût de la sauvegarde des captages d’eau pour 3 milliards de dollars, – mortalité d’animaux, oiseaux notamment, pour 6 milliards de dollars, -traitement des maladies chroniques liées à l’exposition à ces substances (non chiffré dans l’article de presse) Concrètement en conclusion, l’analyse coûts/bénéfices de l’utilisation des pesticides a été très négative pour la collectivité Etats-Unis, à hauteur de 13 milliards de dollars chaque année (40 milliards de coûts et 27 milliards de bénéfices)

 

L’agence internationale (émanation de l’ONU) pour les énergies renouvelables, IRENA, a publié en novembre 2015 un itinéraire pour l’avenir des énergies renouvelables « REmap : Roadmap for a Renewable Energy Future », dont le dossier de presse est accessible par le lien http://www.irena.org/home/index.aspx?PriMenuID=12&mnu=Pri Doubler la part des renouvelables dans le mix énergétique mondial est faisable et coutera moins que de ne pas le faire. Cela économisera chaque année 4,2 milliards de dollars jusqu’en 2030, soit quinze fois plus que les coûts qui seront engagés. Et de nombreux impacts positifs seront obtenus. L’Agence énumère ces impacts positifs, sans indiquer systématiquement leur valeur monétaire : – limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C, – en évitant jusqu’à 12 gigatonnes d’émissions de CO2 pour l’année pleine 2030, – création de 24,4 millions d’emplois en 2030, contre 9,2 millions en 2014, – réduire la pollution atmosphérique pour sauver 4 millions de vie chaque année, – booster le produit intérieur brut annuel mondial à hauteur de 1300 milliards de dollars

 

Prise en compte directe des externalités dans les états financiers des entités économiques Il s’agit des progrès observés en matière de prise en considération financière directe des externalités. A ce jour et à ma connaissance, la pollution climatique, externalité négative « tonne équivalent CO2 » (pouvoir de réchauffement global pendant cent années) est la seule externalité qui ait été directement comptabilisée. La création de plusieurs marchés des droits d’émissions de gaz effet de serre a permis de susciter un ensemble de transactions d’achat et de vente des quotas de gaz à effet de serre non émis. Il en découle une monétisation de la tonne équivalent CO2, qui est enregistrée en comptabilité financière comme un achat (ou une vente chez le vendeur)

Plus généralement, le système comptable financier international en vigueur, IFRS, international financing reporting standards, n’enregistre que les évènements comptables qui ont un prix, que ce soit un prix de marché (« mark to market ») ou à défaut un modèle de prix de marché (« model to market ») On comprend, dans ces conditions, que les impacts révélés par l’analyse globale de cycle de vie n’aient pas de prix de marché, puisque précisément ils sont révélés par une démarche scientiste spécifique qui lève le voile sur leur existence. Ils ne sauraient donc être enregistrés en IFRS.

Toutefois la comptabilité des entités économiques ne se limite pas aux états financiers, elle comporte aussi les comptabilités de gestion (comptabilités auxiliaires pour les stocks, comptabilité analytique pour identifier les marges, contrôle de gestion pour piloter l’établissement et la réalisation des budgets, etc…) Les impacts de soutenabilité, environnementaux et sociétaux, peuvent être pris en compte dans ces comptabilités extra financières. Les travaux menés pour mettre en valeur les impacts sociétaux des actions locales de la MSA en sont un bon exemple, que ce soit pour les impacts auprès des administrés de la MSA ou pour l’emploi direct et indirect et induit. Pour l’Etat, la loi de transition énergétique édicte un prix (qui augmentera chaque année) pour la « tonne équivalent CO2 » et ce montant sera pris en compte dans les budgets des projets de l’Etat, ce qui constitue une représentation monétaire du risque climatique, une monétarisation de l’indicateur « tonne équivalent CO2 ».

 

En France, je peux citer trois propositions comptables qui préparent le terrain pour un enregistrement des externalités dans les états financiers. La Comptabilité Universelle ® a vocation à enregistrer les flux d’externalités, donc s’appuie sur l’établissement de comptes de résultats ad hoc, un impact négatif est une charge et un impact positif est un produit. Voir : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=37457 La Compta Durable est bilantielle, elle traite des stocks et non pas des flux, elle est centrée sur la préservation des trois capitaux humain, naturel et économique, pour lesquels elle confronte le résultat d’évaluations périodiques (tests d’appréciation/dépréciation) à des seuils ou plafonds à ne pas franchir, ce qu’on appelle la contextualisation du rapportage comptable. La comptabilisation des actifs immatériels proposée par Goodwill Management est une modélisation analytique des composants de la survaleur d’une entité économique (sa valeur de marché diminuée de sa valeur comptable nette) Bercy accepte bien cette proposition comptable et parraine les éditions successives du Thésaurus qui décrit cette modélisation tout à fait pertinente.

 

Convergence à venir des rapports RSE (ESG) avec les états financiers IFRS

Les industriels réclament l’établissement d’une taxe carbone pour qu’une forte incitation économique soit créée en faveur de la décarbonation de l’économie. Il s’agit d’une manière classique de monétariser les émissions de gaz à effet de serre en leur reconnaissant un coût, ce qui provoquera les diminutions des émissions.

Cette idée de monétariser mérite d’être étendue aux externalités reconnues comme « matérielles » (tangibles et pertinentes) pour créer incitation et désincitation, ce que l’on appelle un signal-prix.

Un point de départ naturel pour procéder à cette monétarisation est l’abondante connaissance des enjeux et des impacts qui a été accumulée et qui continue de se colliger dans les rapports RSE , Responsabilité Sociale et Environnementale (ESG, Environmental, Social and Governance) Précisément, ce champ de la connaissance s’améliore de manière doctrinale parce que les acteurs économiques sont très sensibles aux effets économiques (généralement indirects) de la publication de ces informations, qui sont encore peu normées.

La normalisation en cours pour le contenu de ces rapports RSE (ESG) est à base de repérage et généralisation de bonnes pratiques. Elle ne comporte pas de préconisations conscientes en faveur de processus explicites et revendiqués de monétarisation. Par contre, nombre des objectifs intermédiaires qui sont mis en avant, constituent de facto des processus tendant à la monétarisation des enjeux et des impacts.

De sorte que je prédis d’ici dix ans une véritable convergence de ces rapports extra-financiers RSE ESG avec les états financiers IFRS, par le moyen de la monétarisation des impacts tangibles et pertinents.

 

Je vais donc faire maintenant un état des lieux des normalisateurs qui sont à l’œuvre en ce moment, ce sont des entités qui proposent des méthodologies de premier rang, ou des mécanismes d’ aggrégation.

 

UNEP Raising the bars

Au sommet de la création normative, figure l’organisation des Nations Unies pour la protection de l’environnement, UNEP, qui a publié en novembre 2015, juste avant la COP 21, un rapport : Raising the Bar-Advancing Environmental Disclosure in Sustainability Disclosure Relever le niveau-Améliorer la publication des impacts environnementaux et sociétaux (googeliser pour le télécharger)

Les apports que je souligne sont les suivants (traduits de l’anglais par mes soins imparfaits) Au plan mondial, seulement 8% des entreprises publiant des rapports RSE ont décrit leur cible de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, cohérente avec les recommandations de la science (IPCC, GIEC) 92% ne publient donc pas d’objectif de réduction de leurs émissions. Les rapports RSE doivent rapidement passer de l’actuel focus sur des améliorations incrémentales isolées, à des descriptions précises des impacts environnementaux et sociétaux qui sont la conséquence directe, indirecte, et induite, des activités économiques de de ces entreprises. Les rapports RSE devront catalyser les opérations des entreprises sur leur chaîne de valeur, pour mettre en œuvre les transformations nécessaires pour atteindre les objectifs du développement soutenable, croissance verte et découplage d’avec la consommation de ressources et d’énergie. Il est impératif pour chaque entreprise (qui publie des rapports RSE) de replacer quantitativement ses performances environnementales dans le contexte des limites et des plafonds qui lui sont attribuables quant aux ressources environnementales et sociétales qu’elle peut consommer. Les investisseurs doivent pouvoir se fonder sur des renseignements robustes, exacts, contextualisés (limites et plafonds personnalisés) et comparables, en ce qui concerne la description des performances environnementales et sociétales des entreprises qu’ils sont appelés à financer en fonds propres.

 

GRI, Global Reporting Initiative

Historiquement cet organisme, émanation de la grande fédération des multinationales le World Business Council for Sustainable Development , WBCSD, dont la branche française s’appelle EPE, Entreprises Pour l’Environnement, est le pionnier sur le sujet des rapports extra-financiers consacrés au développement durable des entités économiques. La quatrième édition de leur guide pratique, nommée G4 Guidelines (googeliser pour se le procurer) est une somme (plusieurs milliers d’indicateurs) et traite notamment des critères permettant de caractériser la matérialité (pertinence et tangibilité) des enjeux et des impacts rapportés, ce qui permet maintenant enfin d’écarter le greenwashing. Ce critère de matérialité permet de légitimer techniquement et sociétalement les indicateurs et permet donc le cas échéant d’asseoir une monétarisation pour chacun d’entre eux.

 

 

IIRC, International Integrated Reporting Council Il s’agit d’un concurrent de la GRI, spécialisé dans l’approche organisationnelle des interactions entre sociétal, environnemental et économique. Son titre d’intégrateur correspond à l’idée de maîtriser simultanément et non pas séparément, les trois aspects, sociétal, environnemental et économique, et ce, sous la férule de la finance.

Il propose en somme de faire rentrer le sociétal et l’environnemental dans le financier, ce qui passe évidemment par des monétarisations, à l’instar du fameux prix du carbone.

 

 

SASB, Sustainable Accounting Standards Board

C’est un concurrent de l’IIRC, spécialisé dans l’approche par filière économique pour identifier leurs enjeux et impacts spécifiques de chaque filière.

Ils privilégient donc la substance des enjeux et impacts plutôt que leur appropriation par la finance, ce qui les amène à une approche plus déstructurée que celle de l’IIRC.

Au sein de chacun des trois aspects de la trilogie Environnement, Société et Gouvernance, ils proposent des enjeux et indicateurs d’impacts spécifiques, tangibles et pertinents, et contextualisés (c’est-à-dire mis en regard de seuils et plafonds personnalisés) pour chacune (et pour la totalité) des filières de produits et services. Ceci permet donc la comparabilité intra sectorielle, et c’est aussi un fondement solide pour révéler les valeurs de ces enjeux et impacts sur une base consensuelle au sein de chacune des filières.

Cette approche favorise donc une monétarisation par consensus des parties prenantes (au sein de chaque filière) et elle est à mon avis promise à un avenir brillantissime.

 

Multicapital Scorecard

C’est un dernier-né qui propose une construction et représentation des indicateurs (enjeux et impacts) en pourcentage de leur cible, soit donc une approche 100 % contextualisée qui fait la part belle à l’identification des seuils et plafonds personnalisés pour chaque entité économique.

Comme l’indique le terme de Multicapital, il y a équipondération entre les éléments des trois aspects Environnement, Sociétal et Gouvernance,et avec une attention portée à la préservation des trois capitaux correspondants, laquelle se traduit dans les seuils et plafonds personnalisés qui sont déterminés pour chaque entité économique.

Rien ne s’oppose dans le principe à monétariser ces fameux seuils et plafonds, ainsi que les résultats atteints par l’entité économique.

On pourrait ainsi comparer le budget réalisé avec le budget idéal !

 

 

CORE de GISR : Center for Ratings Excellence de la Global Initiative for Sustainability Ratings

A l’attention particulière des investisseurs (allocataires de capital) un outil pour y voir clair dans la jungle que je viens de schématiser ci-dessus. Cet outil apporte notamment un cadre standardisé pour évaluer les progrès réalisés par une entité économique vers la soutenabilité, et l’outil CORE, pour ce faire, procède par retraitement des données fournies par les sociétés spécialisées de rating ESG et par les évaluateurs tels que Vigeo ou le Carbon Disclosure Project, CDP. Il me semble que les investisseurs seraient satisfaits si une mesure monétarisée des progrès vers la soutenabilité leur était fournie, car cela leur permettrait d’évaluer la congruence entre le résultat (les progrès de soutenabilité ) et l’allocation de ressource (le capital qu’ils fourniront)

 

 

The Reporting Exchange sera mis à disposition fin 2016

La complexité des rapportages RSE ESG a incité le WBCSD (cf supra) et le Climate Disclosure Standard Board CDSB, à lancer le projet d’une plateforme crownfunded (= renseignée par ses utilisateurs) pour expliciter et opérationnaliser à l’intention des entités qui rapportent.

A mon sens une telle entreprise de simplification pour action ne se privera pas de l’outil de monétarisation, qui permet d’intégrer des choux avec des carottes.

J’en profite pour rappeler les trois fonctions de la monnaie : monétariser pour donner une représentation monétaire qui permet la comparabilité, transactionner pour rendre fongibles des éléments hétéroclites, et thésauriser pour transporter la valeur dans le temps.

 

 

CSR Hub

C’est le big data dans l’univers du rapportage RSE ESG, un aggrégateur qui fournit aussi un cadre d’analyse (dashboard tool) pour rapatrier et ordonner les informations que l’on y ramènera. La base de données est constituée de tout ce qui de près ou de loin ressemble à un rapport RSE. Le Hub vise à faciliter la vie des analystes extra financiers en organisant la comparaison entre les entités qui rapportent, au regard des nombreux et peu normés critères RSE ESG.

 

Ce que je viens d’écrire à propos de la monétarisation comme traducteur universel, demeure plus que valable dans ce cas particulier.

 

 

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Monétarisation pour faire cesser la mondialisation du vetement

Démarche de monétarisation pour cesser la mondialisation du vêtement et de ses accessoires

 

Posté le 5 mars 2016

 

Ce qu’on appelle la fast fashion, qui consiste en une rotation très accélérée de pièces de vêtement de très mauvaise qualité, est devenu le modèle dominant de la consommation vestimentaire.

Les inconvénients de ce modèle sont nombreux et significatifs.

Voici un recensement des impacts négatifs de ce système, tels qu’ils apparaissent dans une démarche d’analyse de cycle de vie global, notamment comme en diligentent les entreprises américaines du Sustainable Fashion Apparel.

Le consommateur jouit d’une apparence de pouvoir d’achat parce que les prix sont très bas, mais il est condamné à renouveler sa garde robe sans relâche, de sorte que son budget vêtement est plus élevé que ce qu’il s’imagine (rien de plus onéreux que le bon marché)

Les pièces de vêtement sont réalisées à distance, en Inde et au Bangladesh voire en Asie du Sud Est, par une main d’œuvre exploitée voire maltraitée (Renza Plaza)

Ces pièces de vêtement parcourent donc environ 10 000 km à bord d’un porte conteneur émetteur de CO2 pour aller à la rencontre de leurs acheteurs.

Les tissus utilisés sont soit des dérivés du pétrole, de fabrication très polluante (raffinerie et polymériseuse très émetteuses de CO2) soit des cotons nourris aux intrants agricoles, engrais et phytosanitaires (par exemple, coton de Haute Egypte, qui consomme énormément d’eau du Nil et qui évince les cultures vivrières et affame les habitants et qui épuise les sols arables)

Les procédés industriels de fabrication utilisés dans ces pays sont très polluants, notamment les teintures qui assèchent la ressource hydrique.

Les vêtements une fois poubellisés très rapidement, ne sont pas réutilisables car ils ne se tiennent pas et donc la seule valorisation possible est thermique, ce qui est une solution de désespoir dans une perspective d’économie circulaire.

 

Cette liste déprimante peut faire l’objet d’une quantification grâce aux techniques rodées de l’analyse de cycle de vie. Une fois que nous disposons d’une quantification des impacts, il est possible en théorie de coconstruire des valeurs à affecter à ces inconvénients très graves, afin de disposer d’une incitation monétaire fiable (car cocconstruite avec les parties prenantes) pour diminuer ou supprimer ces externalités négatives. C’est vraiment le cœur de la démarche des coalisés de l’American Apparel Coalition. En particulier ils documentent en permanence une base de données concernant ces divers impacts pour leurs diverses activités, et ils ont restitué ces informations sous une forme synthétique appelée Indice de Higgs.

 

 

Cette manière de faire est punitive puisqu’elle sanctionne financièrement les impacts négatifs. Aujourd’hui on recherche plutôt des approches alternatives qui esquivent la désagréable question de la punition, et propose des solutions non polluantes et très séduisantes. De plus il me semble, sans faire de procès d’intention, que cette approche semble n’être utilisée que dans la perspective de gommer les scandales les plus voyants du système actuel, et il ne me semble pas que quiconque envisage de remettre en cause le modèle mondialisé en s’appuyant sur ces ACCV (Couts dérivés de l’analyse de cycle de vie)

 

La Fabrique Idéale et son label Perpetuel Renouveau travaillent à des solutions alternatives pour en finir avec la mondialisation du vêtement et de ses accessoires. Ces solutions alternatives prennent systématiquement le contre-pied des mauvaises pratiques actuelles. L’émergence de telles solutions est inéluctable tant le modèle actuel est prédateur de notre biosphère. On va donc assister à un mouvement de désinvestissement comme on le voit déjà pour les industries de l’énergie non renouvelable. Les actionnaires des compagnies pétrolières sont en train de se refiler mutuellement la patate chaude, et les ressources financières se reportent massivement sur les industries des énergies renouvelables. De la même manière, les industriels du textile fast fashion vont constater prochainement la fuite de leurs capitaux en direction de la slow fashion qui préserve notre biosphère.

 

Les clients de La Fabrique Idéale contribuent à la création du vêtement en compagnie du styliste, rare privilège de porter son propre modèle unique griffé et tracé. C’est une expérience de consommation exceptionnelle qui apporte au vêtement une familiarité essentielle avec son porteur.

Le styliste délivre un modèle unique et sur mesure ; au commencement ce sera selon le schéma classique patronage et façonnage, mais le progrès technique sera sollicité pour proposer la confectionneuse individuelle assistée par ordinateur, capable de fabriquer le modèle d’après les mensurations et le patron, à un coût beaucoup plus intéressant. La valeur qui est ainsi révélée est la possibilité concrète d’habiller tout le monde avec des pièces uniques sur mesure et crées ad hoc ! Ce qui fera le bonheur des stylistes qui pourront consacrer toute leur carrière à des créations uniques et sur mesures.

Ne seront utilisés que des matériaux français voire européens, dans un périmètre de 1000 kilomètres, transportés par voie fluviale et derniers kilomètres électriques. Ces matériaux sont exclusivement renouvelables : lin, chanvre, laine, coton (bio), soie, cuir… Au commencement les prix d’achat seront élevés mais la croissance des volumes permettra d’améliorer les conditions de production et donc fera baisser les coûts. Les producteurs locaux pourront s’épanouir et utiliser leurs surfaces de production agricole sans concurrencer les cultures vivrières, conformément à notre tradition nationale pour le lin et le chanvre ! Les industriels amélioreront l’innocuité environnementale des procédés de fabrication à la demande de la Fabrique Idéale.

Les clients pourront acquérir le vêtement ou pourront contracter une série de services comportant bien sûr le port du vêtement, mais aussi tous les soins d’entretien et d’ajustement. La Fabrique Idéale se charge dans ce de faire vivre la pièce unique et de la confier le cas échéant à un autre client (de mensurations compatibles) de sorte que chaque pièce est susceptible d’être réutilisée. La fin de vie de la pièce sera optimisée en recyclage et valorisation, au cas où la pièce de vêtement serait très usée.

Au total chaque pièce de vêtement aura une grande durée de vie, sans causer aucune pollution (ou très peu par rapport à la fast fashion) et procurera un véritable plaisir d’usage à son (ses) porteurs. Le régime de prix initial envisagé est celui du haut de gamme, et il devra diminuer très rapidement avec les économies d’échelle, la mobilisation du progrès technique, l’ascension collective de la courbe d’expérience et la multiplication des clients. Par exemple pour une durée de cinq années, minimum exigible de durée de vie d’une pièce unique griffée : 700 euros en première année, 350 en deuxième année, 175 en troisième année et 100 euros les deux années suivantes, quel que soit le porteur (première ou seconde main)

Le porteur du vêtement jouit donc du plaisir de la distinction, pièce unique griffée, de la personnalisation, cocréation et sur mesure, de la sécurité apportée par les services d’entretien, et, à concurrence de 1425 euros, de l’évitement des pollutions des pièces de fast fashion qu’il n’a pas acquises !

Au total il stimule l’emploi artistique local, il ne pollue absolument pas, il se fait un grand plaisir et il aligne sa pratique de consommation avec ses convictions de respect de la biosphère.

 

Outils managériaux de la conversion écologique

Préambule : lancement de l’Observatoire de la monétarisation ce 1 janvier 2016

L’Association des Amis de la monétarisation, fondée en 2013, porte le projet de la conversion écologique de l’économie, et intervient spécifiquement dans le champ conceptuel des représentations. En effet la monétarisation, en tant que représentation monétaire de la valeur d’usage, est un vecteur très important de modélisation pour le mode de pensée des décideurs économiques. La revendication quasi unanime des entreprises pour que le carbone ait un prix, démontre clairement la nécessité de révéler la valeur pour les impacts que l’on doit éviter et pour les impacts que l’on doit obtenir.

L’Association, entre autres missions, préfigure le futur Institut de la monétarisation, qui recensera et diffusera les bonnes pratiques qu’il recueillera et construira au cours de missions rémunérées dédiées auprès de toutes les entités économiques. L’Institut de la monétarisation s’appuiera sur les travaux de l’Observatoire de la monétarisation, qui dans le présent blog, documente les progrès du paradigme de monétarisation et propose aux entités économiques des stratégies novatrices fondées sur le maniement des outils managériaux de la conversion écologique.

Voici maintenant un catalogue de ces Outils managériaux de la conversion écologique, et qui sera donc le premier post de ce blog.

1     L’urgence COP 21, la conversion écologique des entités économiques.
La conscience claire du mouvement d’ensemble qui entraîne chaque entité, est le tout premier outil managérial de la conversion écologique.

Cette conversion écologique est le paradigme principal qui découle des urgences pointées et reconnues par la COP21, et il peut permettre aux entreprises à la fois de tenir les engagements pris en matière climatique, et de réussir le découplage de l’activité économique d’avec la consommation des ressources naturelles. Il s’agit de la réunion du concept de la transition énergétique et écologique, avec celui de la définition de la cible vers laquelle on transitionne. La transition énergétique et écologique gagnera en qualité et en rapidité d’exécution si elle est orientée par la vision ex-ante d’une cible énergétique et écologique.

La définition d’une telle cible découlera notamment de la consolidation des initiatives de toutes les entités économiques- entreprises, collectivités, associations, etc…-pour repenser chacune leur propre modèle économique. Ces refondations individuelles, élémentaires, ont été jusqu’à présent imaginées à tâtons par les pilotes des entités économiques. Par exemple, les rapports RSE imposés par loi NRE de 2001 ont été les déclencheurs de grands progrès vers la soutenabilité : – communiquer sur les actions et identifier des champs d’action supplémentaires, – les salariés premiers acteurs des actions « vertueuses », – les fournisseurs premiers contributeurs dans le champ économique en portant leur part du dossier, – les services immobiliers internes qui mettent en oeuvre le passage aux locaux professionnels à énergie presque positive, – les déchets de production qui sont recyclés dans une écologie industrielle innovante, – les modèles économiques qui sont repensés dans une perspective d’économie de fonctionnalité, -etc… Il est maintenant possible, grâce au recul important dont nous disposons, de construire de manière robuste et ordonnée la vision du nouveau modèle économique possible et souhaitable pour chaque entité économique.

 

2       Le choix des enjeux stratégiques grâce au critère de matérialité, recherche des domaines d’action à privilégier.
Le deuxième outil managérial pour la conversion écologique : le repérage de l’état des lieux.

Dans le cadre devenu universel de la lutte contre le dérèglement climatique, il est logique que chaque entité économique commence par inventorier ses forces et ses faiblesses, notamment en termes d’impacts climatiques, de biodiversité et de ressource hydrique. L’outil le plus achevé à notre disposition est le concept de materialité, affiné depuis 2013 par la Global Reporting Initiative, GRI, et qui réclame la pertinence et la tangibilité comme caractéristiques de la qualification des impacts stratégiques pour une entité économique. Par exemple, un grand industriel de la restauration collective est un acteur important de l’alimentation du grand public (le leader en France fournit un pour cent de tous les repas hors domicile= tangibilité) et donc son principal impact (=pertinence) est de santé publique, avec une responsabilité sociétale focalisée sur un rôle d’entraînement vers des modèles alimentaires plus sains et équilibrés. Dans ce rôle seront nécessairement traitées la question des émissions de méthane par le bétail dont on consomme la viande, ainsi que la question de la nécessaire réorganisation d’une fraction significative de l’agriculture (pommes de terres pour les frites, poulets pour les nuggets, salades, tomates, oignons etc…)

Ainsi seront stratégiques pour chaque entité économique les actions portant sur le cœur de métier (éduquer pour, et distribuer des menus équilibrés dans notre exemple) et les actions impliquant les fournisseurs (aider l’agriculture au sens large à basculer vers l’agroforesterie dans notre exemple toujours) A partir de cette identification rationnelle des enjeux pour lesquels l’entité est la mieux placée pour agir (le raisonnement étant : si ce n’est pas elle qui agit, alors qui d’autre le fera ?) il devient possible de rechercher un nouveau modèle économique qui rendra profitable la réalisation de progrès importants et bien ciblés, parce que « material », c’est-à-dire qui améliorent des enjeux pertinents et tangibles.

 

3     Le contrôle de gestion, avec la modélisation de la stratégie par la monétarisation des indicateurs.
Le troisième outil managérial consiste en la monétarisation des indicateurs.

Il va de soi qu’il faut quantifier l’état initial de chaque sujet, afin d’en mesurer ultérieurement les évolutions pour vérifier l’atteinte ou non des objectifs fixés. Concrètement, il faudra donc s’accorder au sein de l’entité sur le choix des instruments de mesure, et cette discussion participera de la définition des actions : discuter sur comment mesurer les résultats de l’action, contribue évidemment à renseigner sur l’action à mener. Le choix des indicateurs une fois effectué, il faudra s’appuyer sur ces notions pour convaincre les actionnaires du bien-fondé de la stratégie, et pour cela un effort de quantification financière des enjeux s’impose tout naturellement.

La monnaie remplit trois fonctions principales : représenter un objet économique, faciliter les échanges de choux contre carottes, et thésauriser au sens de transporter l’épargne dans la durée.

En ce qui concerne ceux des indicateurs qui n’ont pas (encore) de valeur de marché, il ne faut pas s’interdire de proposer, de manière extra-comptable, une révélation de leur valeur, afin de donner une représentation monétaire susceptible d’aider à l’approbation par les actionnaires.

Par exemple, la valeur verte des bâtiments neufs respectueux de la norme RT 2012 repose sur de futures économies d’énergie (aisément monnayables) ainsi que sur des éléments de confort de vie novateurs (urbanisme de la proximité, art de vivre en collectif d’habitats partagés,…) qu’il est judicieux de mettre en valeur au sens propre, en leur affectant (hors états financiers classiques) une valeur financière donc un prix, c’est à dire en les monétarisant. La révélation de la valeur est un processus souvent technocratique, par exemple ce peut être une mesure statistique d’un consentement à payer déclaré par de futurs clients finaux. Mais dans une perspective de réussite d’une stratégie, ce peut être aussi une délibération collective des parties prenantes intéressées, à partir de propositions expertes.

Si des financeurs potentiels sont associés à cette délibération, en tant que parties prenantes apporteuses de ressource financière, alors rien n’empêche d’utiliser les externalités positives (= impacts positifs non encore monétarisés) comme argument de conviction voire même comme flux financier de cash-flow positifs virtuels, monétarisables. Et même, il est parfois possible de repérer et démarcher des acquéreurs potentiels pour certaines de ces externalités positives, par exemple une Caisse primaire d’Assurance maladie- CPAM, peut financer partiellement et donc indirectement acheter, monnayer, monétiser, certains impacts positifs de santé publique découlant de la réhabilitation thermique de logements sociaux.

 

4           Le rapportage avec la Comptabilité Universelle®, pour communiquer autour de la stratégie avec toutes les parties prenantes intéressées.
Le quatrième outil managérial organise le concert des parties prenantes intéressées en s’appuyant sur une comptabilité (officieuse) élargie, au service de la conversion écologique de l’entité économique.

Pour la faisabilité de la conversion écologique de chaque entité économique, il est plus efficace de mener une démarche constructiviste appuyée sur la concertation avec les parties prenantes intéressées. Il est conseillé de se départir du mieux possible des raisonnements business habituels, du type top down avec secret des affaires et compétition systématique avec les confrères. En effet, la théorie de l’Agence, qui implique que le Principal (le propriétaire de l’entreprise) soit l’ultime bénéficiaire des résultats économiques après apurement de tous les engagements contractuels vis-à-vis des Agents (salariés et sous-traitants) ne se conjugue pas bien avec les nécessités intrinsèques de coopération qui caractérisent les nouveaux modèles économiques.

C’est donc bien davantage la théorie économique des parties prenantes intéressées qui rend compte des implications concrètes du nouveau business model découlant de la conversion écologique. Ainsi et par exemple, on verra ci-après avec l’économie de fonctionnalité, qu’il importe de coconstruire avec les utilisateurs finaux pour leur apporter des services haut de gamme susceptibles de saturer toutes leurs demandes et toutes leurs attentes, en ne laissant aucun besoin insatisfait et en divisant par dix les quantités de ressources-matières à ponctionner dans l’environnement. Moyennant le respect de cette condition de la coconstruction, l’offre de l’entité devient pertinente et il devient légitime de percevoir une rente en échange du service haut de gamme récurrent. L’évaluation partagée de cette rente dépend de la valeur qui est collectivement reconnue aux services rendus, ce qui découlera des actions de monétarisation évoquées précédemment en (3)

Pour structurer cette négociation complexe, nous recommandons l’utilisation de la Comptabilité Universelle®, qui apporte l’extension d’une démarche classique bien maîtrisée de comptabilité financière aux domaines nouveaux de la conversion économique. Des états financiers auxiliaires et non (pas encore) certifiables par les commissaires aux comptes, permettent de décrire les impacts positifs et négatifs (produits et charges dans un compte de résultat) qui modifient un patrimoine (ressources, et emplois de ces ressources dans un bilan) Ceci concerne chacun des cinq domaines supplémentaires qu’il est recommandé de prendre en considération : social (salariés, intérimaires, sous-traitants, et leurs familles) sociétal (collectivités, communautés, appareil d’Etat) environnement (climat, biodiversité, ressource hydrique, …) économie (impacts diffus à consolider, et voire même reconnaissance de nouvelles valeurs telles que des certificats d’économie d’énergie ou des quotas de CO2 non émis ou captés) et gouvernance (sous-système disséminé pour le pilotage de chaque entité économique)

Ce mode de pensée global et les actions innovantes qu’il permet, facilite la réalisation effective et la réussite d’une stratégie de conversion écologique, en réunissant des tiers intéressés pour mener une réflexion et effectuer des actions performatives (=autoréalisatrices) L’identification et l’implication de ces parties prenantes intéressées est une étape importante dans la mise en place de ce dispositif novateur de stratégie de conversion écologique. Il y faut les salariés, les fournisseurs, les clients, et des porte-paroles de parties prenantes intéressées mais silencieuses : l’Etat, la Nature, les générations futures etc… Ces porte-paroles peuvent être recrutés parmi les jeunes éléments de la communauté savante, qui pourront à cette fin recevoir une formation initiale dédiée ainsi qu’une supervision récurrente de réassurance pour les conforter dans ce rôle innovant.

Le bénéfice qui en est retiré est la bonne compréhension des besoins, attentes et demandes dans l’ensemble des champs que la soutenabilité suggère de traiter : social, sociétal, environnement, économique et gouvernance. On se rend bien compte qu’appréhender de manière opérationnelle l’ensemble de ces contextes qui étaient occultés jusqu’à maintenant (« externalisés ») est mission impossible pour un chef d’entreprise qui ne serait pas assisté de ces divers porte-paroles. Et pourtant, la conversion écologique rend indispensable de gérer simultanément tous ces aspects, si l’on désire vraiment apporter les solutions de rationalisation et d’innocuité dont nous avons maintenant un très grand besoin.

 

5       Refonder son modèle de production et de consommation avec l’économie de fonctionnalité, archétype du nouveau modèle économique pour la conversion écologique.
L
e cinquième outil managérial de la conversion écologique est l’implémentation au cœur du métier de l’entité économique, du modèle général de l’économie de fonctionnalité.

C’est à dessein que l’outil managérial « communication de la stratégie » a été évoqué avant de décrire l’outil qui permet de définir le contenu de la stratégie, parce que la conception et la réalisation de la stratégie seront l’œuvre commune de l’entité et des parties prenantes intéressées. La principale prémisse de l’économie de fonctionnalité est la nécessité du découplage de l’activité économique d’avec la consommation de ressources matérielles et énergétiques prélevées sur notre biosphère, découplage absolu c’est-à-dire en faisant diminuer les valeurs absolues des quantités de ressources consommées, et donc sans se satisfaire d’un découplage relatif portant sur les consommations unitaires. Un tel découplage n’est concevable et ne peut découler que du succès qui sera remporté dans la réduction des externalités négatives (par exemple les émissions de gaz à effet de serre) Les actions possibles pour réduire chaque externalité négative sont : l’atténuation (dans l’exemple des gaz à effet de serre : diminuer les quantités émises unitaires et globales) l’évitement (substituer par une technologie totalement non émettrice) la réparation (retour arrière en capturant les gaz à effet de serre déjà présents dans la biosphère) la compensation (capter d’autres gaz à effet de serre en compensation de ceux qui sont émis) l’adaptation (faire avec les conséquences des émissions de gaz à effet de serre)

Donc, en recherchant de telles solutions pour les externalités négatives, on est conduit à imaginer des modifications plus ou moins substantielles pour les processus qui sont à l’œuvre dans les entités économiques, on s’attaque bel et bien au cœur de son métier, on est bel et bien dans la matérialité-pertinence et tangibilité, on ne se raconte plus d’histoires, c’est fini de contourner l’obstacle, fin du greenwashing et des comportements d’évitement…

L’économie de fonctionnalité remplace la possession d’objets par la faculté de disposer des fonctions qu’ils permettent de remplir. C’est une sophistication complète des classiques locations, et qui peut s’appuyer sur des pratiques de coopération et collaboration tant des utilisateurs entre eux, qu’entre utilisateurs et fournisseurs. Il en découle une montée en gamme très impressionnante, et aussi la substitution d’un modèle économique de fabrication en série pour des ventes avec obsolescence programmée, par des mises à disposition au long cours de services, d’infrastructures et d’objets durables et maintenables. Les salariés du fournisseur deviennent ainsi les acteurs d’une production matérielle de durée, robuste, de petite série, évolutive et qui intègre continuellement le progrès technique. Ils deviennent aussi les interlocuteurs des utilisateurs, chargés de faire vivre l’affection et le désir de chaque utilisateur pour la solution fonctionnaliste. On le voit d’évidence, le modèle fonctionnaliste économise les ressources, et il peut les économiser d’un facteur dix.

Il faut le privilégier pour avancer rapidement et sûrement sur les chemins de la décarbonisation de l’économie, de la cessation de l’obsolescence programmée, et du plein emploi.
6             Pilotage holiste et systémique : séquencer les actions de la stratégie de conversion écologique, transitionner en sécurité.
Le sixième outil managérial de la conversion écologique opère concrètement les changements nécessaires au sein de l’entité économique, il en réfléchit le séquencement pour organiser la plus grande efficacité possible.

Le séquencement conceptuel et logique des actions se cale sur la représentation analytique propre au développement soutenable : gouvernance, social, sociétal, environnement, économique. Selon les ressources humaines et financières disponibles, on ne s’interdira pas in vivo de lancer simultanément en parallèle des actions qui a priori seraient plutôt à séquencer en série.

Au commencement, il y a la structuration indispensable de la gouvernance, étoffer son conseil d’administration avec un administrateur indépendant dédié capable d’animer un Comité de la conversion écologique, muscler son Comex avec des utilisateurs avertis des concepts et méthodes de la soutenabilité, recruter un Directeur fonctionnel (à l’instar du Directeur de la Qualité) diffuser la culture générale correspondante dans le tissu humain de l’entité, qu’il faut s’attacher à sensibiliser et former, et importer les nouveaux métiers verts (par exemple pour le service immobilier, intégrer concrètement la compétence « bâtiments avec valeur verte »)

Au commencement et juste après l’étape précédente, au plan social, pour créer le climat indispensable de coopération sincère et consciente, solder tous les contentieux prégnants éventuels avec le collectif des collaborateurs, et initialiser les temps nouveaux en satisfaisant des revendications anciennes et lourdes, en faisant par tous moyens les premiers pas dans l’esprit de démontrer une volonté d’apaisement et de fraternisation, dire ce que l’on va faire, et faire ce que l’on a dit qu’on ferait.

Au commencement toujours, au plan sociétal (collectivités, communautés, clients, sphère d’influence) créer le climat psychologique favorable auprès des parties prenantes susceptibles d’être intéressées, c’est-à-dire qu’il faut les intéresser. Par exemple, il est très fécond d’organiser une investigation locale quant aux possibilités de circularisation économique (déchets, mais pas seulement, aussi les ressources en énergie..) et dans le même ordre d’idées il est bon, le cas échéant, de rapatrier en local un maximum d’achats afin de favoriser les fournisseurs de proximité.

Sur ces bases assainies, solides fondations, il est enfin possible de reconcevoir les rapports de l’entité avec son environnement physique, et de lancer les nouveaux processus et les nouvelles offres commerciales qui épargnent les ressources, qui découplent…
Enfin, ces travaux d’Hercule aboutissent à des cash-flows positifs effectifs et à des cash-flows positifs virtuels, cash-flows dont on mesurera les volumes avec l’appareil comptable classique et aussi avec l’éclairage de la Comptabilité Universelle®.

 

7         Conduire le changement soutenable, définir les projets constituants de la transition écologique pour l’entité économique, arbitrer les dilemmes.
Le septième outil managérial de la conversion écologique, est la capacité de conduire le changement soutenable.

Il était loisible ces dernières années, de procéder par tuilage, en remplaçant progressivement les pratiques existantes par des modalités innovantes, plutôt incrémentales que de rupture. Par exemple les énergéticiens pouvaient s’initier progressivement aux énergies renouvelables en développant des pilotes. Maintenant et selon les décisions de la COP21, il faut acter la notion de la très grande urgence et réfléchir et agir dans la rupture, intelligente mais rapide. Pour poursuivre avec l’exemple des énergéticiens, il faut à la fois légitimer la poursuite de l’amortissement financier des installations existantes en extrayant et neutralisant les gaz à effet de serre (atténuation des émissions polluantes) et bien sûr, simultanément, il faut ne plus installer que des équipements non émetteurs de gaz à effet de serre (évitement des émissions) avec une optimisation financière en faveur des énergies renouvelables, maintenant beaucoup moins onéreuses que le nucléaire et beaucoup plus rapidement disponibles.

Mener ces projets de rupture doit aussi aménager une rupture en faveur de la résilience, et qui consiste en un changement profond de la manière de penser l’efficacité par rapport à l’adaptabilité. Pour une entité, sa résilience résulte d’une compétence spécifique qu’elle a forgé au cours de son histoire, et qui consiste essentiellement dans une acceptation de plusieurs redondances, et donc au renoncement d’une optimisation absolue de ses processus. La redondance permet de substituer dans l’instant telle ou telle manière de faire par une autre, qui est déjà opérationnelle et usuelle, puisque redondante. C’est un recours pour trouver une solution d’adaptation tout à fait efficace, qui s’appuie sur la disponibilité de plusieurs manières de faire concurrentes et simultanément établies. La non-optimisation absolue des processus, conduit à ne pas éliminer ceux d’entre eux qui sont les moins efficaces et donc à ne pas supprimer tout espoir de redondance donc tout espoir d’adaptabilité. Par exemple, l’industrie de la mobilité individuelle aurait pu conserver son savoir-faire initial en matière de véhicules électriques, ce qui lui aurait facilité aujourd’hui le désamour des moteurs thermiques qui dérèglent le climat. Il n’est plus acceptable de rechercher des optimums d’efficacité au détriment d’une dose importante de redondance, parce que la redondance est très utile pour sécuriser des possibilités d’adaptation rapide et donc éviter de disparaître. Dans notre exemple des énergéticiens, il faut raisonner en vue du déploiement urgent d’un bouquet d’énergies et non pas envisager le recours exclusif au gaz naturel, dont on vient de se rend compte qu’il émet davantage de méthane à l’occasion de sa production et de son transport, qu’il n’évite d’émissions de CO2 par rapport au pétrole et au charbon.

Pour conclure, je recommande de procéder systématiquement pour chaque projet, à un test de non régression, en l’étalonnant par rapport aux 17 Objectifs 2015 du Développement Durable-ODD de l’ONU  : Cibles de l’ODD 1 : pauvreté Cibles de l’ODD 2 : faim Cibles de l’ODD 3 : santé Cibles de l’ODD 4 : éducation Cibles de l’ODD 5 : genre Cibles de l’ODD 6 : eau Cibles de l’ODD 7 : énergie Cibles de l’ODD 8 : économie Cibles de l’ODD 9 : infrastructures Cibles de l’ODD 10 : inégalités Cibles de l’ODD 11 : villes Cibles de l’ODD 12 : production et consommation responsables Cibles de l’ODD 13 : agir contre le changement climatique Cibles de l’ODD 14 : écosystèmes des mers Cibles de l’ODD 15 : écosystèmes des terres Cibles de l’ODD 16 : citoyenneté mondiale et pacifique Cibles de l’ODD 17 : partenariat mondial
Cette vérification de non régression est utile parce que la complexité des affaires peut provoquer des paradoxes, surtout le cas d’effet pervers insoupçonné par création d’externalités négatives inattendues dans un ou plusieurs domaines, et qui seraient provoquées involontairement lors de la création d’externalités positives dans d’autres domaines. Par exemple, la culture du coton de très haute qualité, le meilleur du monde, matière vertueuse et renouvelable, produit dans la haute vallée du Nil, n’a été généralisée qu’au détriment des superficies des cultures vivrières traditionnelles et donc a peu ou prou affamé les Egyptiens ; et elle les a aussi assoiffés en consommant l’eau du fleuve. Il y a de très nombreux cas de décisions bien intentionnées mais involontairement contre productives, et qui ont fait plus de mal que de bien, je pense bien sûr aux agrocarburants qui présentent le même type d’inconvénients au Brésil et en Indonésie, que le coton biologique en Egypte.

Pour s’éviter de tels errements, il faut intégrer dans la stratégie les démarches globales d’analyse de cycle de vie ainsi que le mode de raisonnement holiste et systémique pour détecter des contradictions et ne pas se fourvoyer.

En somme, il y faut de la culture : connaissance de l’état de l’art, approche systémique et holiste.