Exemple de synergie d’innovation avec l’outil comptable: le cas du vêtement

Comment tirer profit des externalités positives, en faveur des clients et en faveur des créateursTRICES

Samedi 29 avril 2017 14 h à 18 h
par Michel Veillard

1 Objectifs de la formation
Associer l’équipe à la réflexion concernant la valorisation financière des externalités positives du modèle économique, en faveur des créateursTRICES et des clientEs.
Pour ce faire :
– S’appuyer sur une présentation utilitaire des méthodes d’analyse de cycle de vie ACV (LCA life cycle assessment) au niveau global d’une entité économique et au sous niveau de chacun de ses produits/services.
– Elargir cette présentation à l’identification des coûts ACCV (LCCA life cycle costs assessment) dérivée de chaque analyse de cycle de vie de chaque produit
– Détailler les caractéristiques uniques de l’économie de fonctionnalité en tant que modèle cible
– Transmettre des notions utiles en matière de comptabilité générale et comptabilité universelle.

2 Cheminement de notre présentation
Le projet vise à supprimer de très nombreux impacts négatifs provoqués par le système actuel de l’habillement, « fast fashion», en utilisant des matériaux renouvelables avec un modèle économique de fonctionnalité – un chapitre sera consacré à une présentation succincte de l’économie de fonctionnalité.

C’est parce que les impacts négatifs n’ont pas de conséquences financières qu’ils ne sont pas pris en considération, et donc pour cette raison le système « fast fashion » perdure et continue de détruire notre biosphère : il est urgentissime de poubelliser ce modèle actuel et de le remplacer par du renouvelable et du local, avec en plus indispensablement du plaisir et de la créativité personnalisés.
J’insiste que ces deux aspects de plaisir et de personnalisation sont indispensables pour chaque pièce de vêtement, parce que nous proposons aux clientEs de remplacer une grande variété de pièces de piètre qualité et peu plaisantes, par une toute petite quantité de pièces de très grande qualité et très plaisantes.
Si ce plaisir n’est pas visible et évident, nous ne réussirons pas.
D’une certaine manière, ce plaisir constitue un bienfait, c’est l’externalité positive la plus importante, et nous devons le mettre en valeur, notamment en lui attribuant un prix (valeur du bienfait)

Les impacts négatifs n’ont pas de conséquences financières du fait qu’ils ont été écartés de la comptabilité financière, on dit qu’ils ont été externalisés et donc qu’ils constituent des externalités (négatives puisque ce sont des impacts négatifs.)

Une solution pour faire cesser les impacts négatifs pourrait être de renchérir le prix des habits à due concurrence de la valeur économique des dégâts occasionnés.
Une solution de ce type présente l’inconvénient d’être punitive et de toute façon ne peut être mise en œuvre que par des structures disposant de la capacité à obliger les consommateurs à payer, ce qui n’est pas le cas.

Il faut donc plutôt s’orienter vers un système de récompense : la non réalisation d’un impact négatif sera considérée comme un impact positif et sera rémunérée, tant en faveur des auteurs du non impact (les créateursTRICES) que du client qui acquiert (ou loue) l’habit fabriqué sans impact négatif. Il faudra veiller à partager équitablement entre créateursTRICES et clientEs la valeur économique des impacts négatifs évités, et de ne les récompenser qu’une seule fois (pas de double comptage !)
Il est donc méthodologiquement nécessaire de détailler ces impacts positifs, évaluer leur taille, volume ou intensité, leur attribuer une unité de mesure puis un cardinal de cette mesure et proposer un prix unitaire.
En pratique il faudra dans un premier temps caractériser d’abord les impacts négatifs, puis s’organiser pour les éviter, et ensuite s’autoriser à considérer ces impacts négatifs évités comme étant des impacts positifs.
Nous aboutirons alors à une représentation monétaire pour chacun de ces impacts positifs, et nous pourrons enregistrer cette valeur dans une comptabilité étendue que nous tiendrons dans le chef de notre Scop.
Ce sera l’occasion de présenter brièvement la Comptabilité Universelle qui sert précisément à enregistrer comptablement des flux d’externalités ainsi qu’à constater l’existence de stocks de ces mêmes externalités, stocks qui se sont constitués au cours de l’histoire de l’entité dont on tient la comptabilité.
Nous pourrons alors sur le fondement d’une valorisation monétaire de ces externalités positives, proposer une juste rémunération aux créateurs/TRICES et aux clientEs, d’abord pour commencer au plan symbolique.
Puis dans un deuxième temps peut être de manière financière, parce que nous travaillerons à trouver un ou des acquéreurs pour ces externalités positives, par exemple sous forme de certificats d’économie d’énergie ou d’évitement d’émissions de gaz à effet de serre ou sous forme de certificat de préservation de la biodiversité.
Ces acquisitions donneront lieu à des transactions financières et à des enregistrements comptables financiers classiques.

3 Identification et caractérisation des impacts négatifs que le projet d’économie de fonctionnalité permettra d’éviter

Nous allons utiliser une technique de révélation de la valeur des externalités positives du modèle économique, choisie parmi l’éventail des techniques imaginées par les économistes.
Le principe consiste à considérer comme externalités positives les externalités négatives évitées par ce modèle de l’économie de fonctionnalité, qui dans sa forme achevée n’utilise que des matériaux textiles et chimiques qui n’induisent que peu d’impacts négatifs, et qui fait durer longuement le plaisir de porter son vêtement, grâce à l’approche « fonctionnaliste.»
Un chapitre sera consacré à l’explicitation du modèle économique de l’économie de fonctionnalité, avec une vision prospective car il est très riche de potentialités.
Si l’on descend la chaîne de valeur des pratiques actuelles de la fast fashion :
– utilisation de matériaux textiles dérivés du pétrole (acryliques, nylons etc…) ou du bois (viscose) ou de l’agriculture intensive chimique (coton industriel) : les externalités négatives sont des émissions de gaz à effet de serre et des destructions de biodiversité (abattages de forêts pour fabriquer la viscose) ainsi que l’éviction des cultures vivrières (coton du Nil)
– utilisation lointaine de ces matières, main d’œuvre chinoise ou bengalaise pour l’essentiel, ceci constituant un impact sociétal local positif puisque ce sont des salaires qui se créent dans ces deux pays, et un impact négatif en Europe puisque ces emplois ne sont pas remplis sur place,
– importation des vêtements, par bateau principalement, avec émission de gaz à effet de serre
– durée de vie intrinsèquement très courte pour ces pièces de vêtement, donc nombreuses réitérations des externalités négatives à chaque remplacement de vêtement défraichi,
– pas de réemploi ni réutilisation possibles du fait de la fragilité des tissus polymères, donc valorisation thermique avec émission de gaz à effet de serre en fin de vie.
Le modèle économique prend l’exact contrepied de toutes ces mauvaises pratiques :
– recours exclusif à des matériaux et chimies renouvelables issues de nos territoires européens (lin, chanvre, laine, cuir…) avec peu d’émission de gaz à effet de serre et peu d’ atteinte à la biodiversité et peu d’éviction de cultures vivrières,
– emplois locaux non délocalisables (cocréation et coproduction avec les clients) qui se substituent équitablement et légitimement aux emplois chinois et bengalais, et projet de machines de production « bout en bout » contenant le pilotage informatique du stylisme et des mensurations du modèle, pour diminuer drastiquement les coûts de production de séries unitaires,
– durée de vie très longue pour ces pièces uniques, griffées, coconstruites et gérées comme autant de projets indépendants avec contrat d’entretien physique et d’ajustement esthétique corporel perpétuel,
– réutilisation par locations successives, puis réemploi sous forme de pièces de tissu.

On le voit, il est théoriquement possible de donner un coût pour les impacts économiques négatifs évités et d’allouer cette somme en la partageant entre les créateurTRICES et les clientEs.
Mais il y faut beaucoup de documentation chiffrée évaluant des pollutions, sans parler des contestations diverses évidemment nombreuses.
C’est pourquoi nous allons nous faciliter la vie en nous appuyant sur des chiffres proposés par Kering, chiffres qui sont acceptables par le marché, même si la transparence quant à la détermination de ces coûts n’est pas en place et même si la minoration de ces coûts est flagrante (la prix de la tonne de CO2 est évidemment très loin des 400 euro réels.)
Le principe sera que nous procéderons par soustraction entre le coût indiqué pour la pire configuration (textiles pétrolier et Chine) et la meilleure (lin et Europe) ce qui nous fournira le montant des externalités négatives évitées.
Puis nous multiplierons ce montant par le nombre de pièces de vêtement « fast fashion » que notre clientE pourrait acheter avec le prix de vente de notre vêtement (400 euro hors taxe, donc quatre vêtements à 100 euro hors taxe chaque, si vous en êtes d’accord.)
Et nous additionnerons cinq fois ce montant pour obtenir la totalité des impacts négatifs évités pendant les cinq années de durée de vie moyenne de notre vêtement, si vous en êtes d’accord.

La Sustainable Apparel Coalition
http://apparelcoalition.org/
a entrepris la tâche de recenser les impacts négatifs de la chaine de valeur du vêtement et a consolidé des données quantitatives pour dégager un total validé par ses membres participants, total qui, je crois, est répertorié dans le catalogue des « indices de Higgs »
La méthode utilisée est l’analyse de cycle de vie de l’ensemble des produits des sociétés qui participent à la coalition, c’est une approche globale qui prend en compte au niveau agrégé les consommations de ressource de chaque entité économique, sans détailler, me semble-t-il, les caractéristiques de chaque produit séparément.
Les résultats de ce travail très difficile et très volumineux sont disponibles pour les membres participants de la Sustainable Apparel Coalition, mais je n’ai pas réussi à me les procurer, du moins pas encore.

Dans le même ordre d’idées, Kering propose à ses créateursTRICES un outil « My E P&L » (« my environmental profits and losses, mon compte de résultat environnemental ») qui indique pour une veste, un bijou, des chaussures et un sac à main, des coûts en euros attribués aux externalités négatives pour différentes configurations géographiques et de matériaux utilisés, afin d’inciter aux solutions de production les moins polluantes.
Les données utilisées sont de la même nature que celles de l’American Apparel Coalition.
Les indicateurs ne sont pas publiés, non plus que les prix unitaires attribués à chaque externalité négative.
Je présente ci-après les résultats concernant une veste de laine.
L’outil My EP&L est téléchargeable à l’adresse suivante :
http://www.kering.com/en/press-releases/kering_and_parsons_school_of_design_collaborate_on_measuring_environmental_impact_of
Kering annonce dans son rapport RSE 2016 publié le 30 mars 2017

Click to access kering_referencedocument2016.pdf

qu’il fournira en 2017 de nombreux autres cas de figure en complément des quatre exemples initiaux.
Nous pourrons donc prendre appui sur ces chiffres pour comparer les configurations géographiques et de matériaux utilisés, malgré mes réserves quant aux prix retenus pour valoriser les observations menées par Kering.
Par contre je ne conteste pas les observations menées par Kering, parce que je n’ai aucun élément pour évaluer les indicateurs et leurs cardinaux.

Cas d’une veste de laine (je n’ai pas retenu celui de la laine cachemire)
Main fabric : wool from New Zealand
inner lining (doublure) coton from China
Buttons thermoplastic from China
Manufacturing region Asia
Coût total 34 euro, dont 3 air pollution, 5 waste, 10 CO2 emissions, 8 consommations d’eau, 6 usage de sols, 2 pollution des eaux.
Main fabric : wool from France
inner lining (doublure) coton bio de Chine
buttons bamboo de Chine
Manufacturing region Europe
Coût total 15 euro, dont 4,2 air pollution, 1 waste, 6 CO2 emissions, 0 consommation d’eau, 5 usage des sols, 0 pollution des eaux.
Donc l’écart entre ces deux configurations est 34 – 15 = 19 euro
A noter cette synthèse intéressante fournie par Kering : higher impact options 48,48, lower impact options 12,64 donc écart : 35,84 euro
Et aussi cette précision très intéressante : manufacturing 24,34 euro en Chine et 4,20 euro en Europe.

4 Evocation des démarches d’analyse de cycle de vie ACV, LCA en anglais, et des évaluations de coûts économiques pour les externalités identifiées par l’ACV ACCV, et LCCA.
Le principe consiste à étudier successivement et séparément toutes les étapes de la vie d’un produit ou d’un service dans le but d’identifier les impacts divers qui sont occasionnés.
Ces impacts concernent le climat, la biodiversité, la ressource hydrique, les salariés, les utilisateurs et la société globalement.
Les impacts sont décrits sous forme d’indicateurs avec des unités de mesure physiques communément acceptées et avec des prix unitaires également communément acceptés.
Ces impacts sont le plus souvent ignorés par la comptabilité financière des entités sous revue, et constituent de ce point de vue des externalités, ils restent extérieurs à la vision du dirigeant.
L’analyse de cycle de vie a pour but de les dévoiler.
Elle s’intéresse à la naissance des produits/services, à leur vie et à leur maintenance, à l’usage qui en est fait, ainsi qu’à la fin de leur vie avec éventuellement recyclage plus ou moins intégral.
Elle comporte donc la description du coût total de possession du bien/service (acquisition et utilisation et fin de vie) au titre duquel elle décrit certaines externalités, négatives comme positives.

Voici une illustration de ces démarches d’analyse.
On commence par l’extraction des matières premières : elle implique des dépenses énergétiques responsables d’émissions de CO2, et des atteintes à la biodiversité par la destruction des sols arables ou naturels qui recouvrent les minéraux.
Il faudra ensuite transporter les minéraux avec donc une nouvelle pénalité énergétique et donc climatique.
La transformation des minéraux comporte une forte pénalité climatique.
Le transport des matières premières utilisables donc sous forme de métaux purifiés engendre des pollutions climatiques.
La fabrication des produits semi-finis engendre des pollutions climatiques.
L’assemblage des produits semi-finis également.
La commercialisation des produits et leur livraison aux clients également.
L’utilisation des produits consomme des intrants dont il faut étudier le cycle de vie, par exemple consommation d’énergie non renouvelable pour un moteur thermique.
Des déchets sont produits pendant la phase d’utilisation et il est nécessaire d’analyser leur devenir, car souvent ils polluent sous forme d’atteintes à la biodiversité (plastiques dans l’océan…)
La phase d’utilisation du produit implique des réparations et aussi des évolutions, par retrofit d’améliorations techniques, et ces diverses opérations induisent des pollutions climatiques.
L’utilisateur peut céder le produit qui sera réutilisé, ou peut le faire déassembler/déconstruire pour une réutilisation de certains éléments, ou peut le poubelliser ; dans chacune de ces hypothèses il faut étudier les externalités négatives induites.

Pendant cette démarche il faut évaluer les quantités de chaque pollution ou bienfait identifié, donc choisir un indicateur physique et mesurer le cardinal de chaque pollution ou bienfait.
Il faut aussi se décider quant à un prix unitaire à affecter à chaque nature de pollution ou bienfait, ce qui fournira un coût effectif pour chaque pollution ou bienfait à chaque étape.
En pratique je crois que l’on procède toujours par une analyse de cycle de vie globale en étudiant les flux et les stocks de ressources qui entrent et sortent de l’entité économique, parce que ces données agrégées sont disponibles et donc peu onéreuses à collecter.
La démarche de Kering, qui analyse par produit individualisé et pour plusieurs configurations de chaîne de valeur pour ce produit individualisé, est très exceptionnelle parce que très coûteuse et aussi très, très méticuleuse.
L’évolution prévisible et programmée de la commande publique vers davantage de soutenabilité passe par une bonne dose d’ACV et d’ACCV, mais sous une forme davantage conceptuelle (« la pensée ACV ») que littérale, et aboutit à la comparaison des coûts et des bénéfices (« analyse coûts/bénéfices ») des soumissions concurrentes pour les départager et retenir l’offre économiquement la plus avantageuse (c’est l’offre qui décrit le mieux les spécifications de son produit/service en y incluant les externalités positives et négatives, et dont le rapport coût/ bénéfice est le plus faible)
Nous pouvons procéder ensemble à l’ACCV du modèle économique cible de La Fabrique Idéale en nous appuyant sur la présente note méthodologique, et ce discours sur la méthode sera je crois très utile pour intéresser nos clientEs.

5 Economie de fonctionnalité appliquée
Le modèle économique décrit ci-après est une cible théorique, pour l’heure l’équipe tâtonne pour proposer des solutions moins polluantes à ses clientEs, notamment avec un mécanisme de consigne.

Le modèle porte de nombreuses innovations et il est utile de les avoir en tête pour être prêt à les introduire lorsque des opportunités se présentent.
Commentons les deux exemples historiques Xerox et Michelin……

L’économie de fonctionnalité est considérée comme une variante de l’économie circulaire.
L’économie circulaire s’appuie sur l’écoconception pour minimiser les consommations de ressources et s’efforce de boucler les cycles d’utilisation des ressources, en recyclant au maximum possible.
Il en découle une diminution unitaire des consommations de ressources, mais l’effet rebond peut malgré cela augmenter globalement les consommations de ressources.
L’économie circulaire agit sur les facteurs de production et intervient assez peu dans le champ de la consommation, d’où cette possibilité d’effet rebond.

L’économie de fonctionnalité reprend les standards de l’économie circulaire et y ajoute une reconception de la consommation qui vient précisément empêcher l’effet rebond.
Dans le fonctionnalisme, les attentes, les demandes et les besoins des clientEs sont saturés par l’offre sophistiquée proposée par l’entité intégratrice.
Les clientEs n’ont donc pas besoin de multiplier les acquisitions de biens matériels, parce qu’ilsELLES sont pleinement satisfaitEs des services que leur rend la solution proposée.

D’un point de vue méthodologique, le fonctionnalisme se caractérise par son caractère territorial qui lui permet de s’appuyer sur un milieu économique et technique local en promouvant des coopérations territoriales ad hoc (c’est-à-dire spécifiques pour chaque gamme de produit/service)
Ceci augmente pour l’entité intégratrice la quantité de ressources matérielles et humaines mobilisables, ainsi que le portefeuille de compétences variées susceptibles d’être associées à la création/réalisation de solutions fonctionnalistes.
Ce caractère local rend les ressources humaines non délocalisables et donc favorise l’emploi local.

Une autre caractéristique importante du fonctionnalisme est la co-construction (et on vient d’inventer la co-réalisation) de l’offre proposée aux clientEs.
Cette démarche inhabituelle produit une excellente adaptation de l’offre aux besoins, aux attentes et aux demandes des clientEs, qui est gage de leur satisfaction de long terme.

La création et la réalisation personnalisées permettent le griffage unique de chaque produit/service proposé et du fait de son coût élevé, induit forcément la nécessité de faire perdurer le plus possible le produit/service, dans une logique d’amortissement financier pour le/la clientE.
Faire perdurer passe par une stratégie d’entretien de l’affect du/de la clientE à l’égard du produit, stratégie dans laquelle des ajustements physiques sont organisés pour entretenir le sentiment de pleine satisfaction, en complément des opérations classiques d’entretien/maintenance.

La négociation initiale de co-création et co-réalisation avec le/la clientE pour déterminer précisément les spécifications qui lui conviennent, permet l’exercice épanoui de la créativité du/de la styliste qui pilotera le vêtement, lequel est conçu comme un projet avec une naissance, une vie et une fin de vie.
Cette approche doit être bien transmise au/à la clientE afin qu’il/elle accepte aussi de négocier le financement du produit/service, avec une règle simple consistant à synchroniser ses paiements avec les décaissements de trésorerie contraints pour LFI (acquisition des matériaux, salaire du/de la styliste, coûts d’entretien et de maintenance évolutive, coûts de fin de vie…)
Le produit/service revêt nécessairement un caractère unique du fait des modalités de sa conception et de sa réalisation.
A ce titre il peut être identifié, tracé (puce RFID) et suivi, notamment pour des re-utilisations à titre onéreux, comme il est d’usage par exemple pour des montres de collection.
Il est totalement impossible d’imaginer un style qui serait spécifique à LFI, qui ne se positionne pas comme une maison de mode.
Par contre, le recours exclusif aux textiles locaux (européens) lin, laine, cuir et soie, et l’originalité de la co-construction et co-réalisation de l’offre, permettront que le public mémorisera la marque La Fabrique Idéale et sa licence Perpétuel Renouveau.

6 Comptabilisation des impacts positifs et de quelques impacts négatifs, pour documenter les bienfaits environnementaux et autres apportés par le projet
Si l’on souhaite que le modèle vertueux se propage sur le marché, il est indispensable d’en enregistrer au format comptable les bienfaits, dans une logique de séduction financière des publics d’entrepreneurs susceptibles d’adopter le modèle.
Cette propagation est très souhaitable pour enclencher les solutions efficaces de découplage (des consommations de ressources d’avec l’activité économique) qui vont alléger les atteintes à l’environnement et ainsi permettront notre maintien dans une biosphère préservée.

Une comptabilité générale fonctionne en comparant deux inventaires physiques successifs, inventaires des éléments constitutifs de l’activité économique de l’entité sous revue.
Ces inventaires successifs périodiques sont appelés des bilans.
Ils sont modifiés par des évènements comptables survenant pendant l’exercice qui sépare deux bilans (bilan d’ouverture et bilan de clôture)
Ces évènements augmentent ou diminuent les divers postes comptables qui constituent un bilan.
Ils sont prouvés et prouvables par des documents qui les attestent, ces documents sont nommés « pièces justificatives », et il faut créer une organisation proprement comptable pour créer, exploiter, conserver et exhiber ces pièces justificatives.
Les écritures comptables qui modifient les postes du bilan sont des charges (qui diminuent le patrimoine de l’entité) ou des produits (qui augmentent le patrimoine de l’entité)
Ces écritures sont passées en temps réel et sont enregistrées dans un journal et sont simultanément affectées à des comptes de charges et de produits, qui eux-mêmes sont regroupés dans le compte de résultat de l’exercice.
En fin d’exercice le résultat du compte de résultat est affecté au bilan (de clôture)
[Dans notre comptabilité universelle extra financière nous nous autorisons de mouvementer directement et au fil de l’eau les postes de bilan sans attendre de décomposer le résultat de l’exercice par les écritures de fin d’année (« écritures d’inventaire ») qui sont passées pour tirer les conséquences bilantielles des évènements comptables de l’exercice.]
Un bilan est un tableau d’emplois-ressources.
Dans sa colonne de droite dénommée « passif » sont décrites les ressources financières de l’entité, qui sont des quantités d’argent mises à la disposition de l’entité par des bailleurs de fonds (les actionnaires) ou par des prêteurs (les créanciers obligataires, les banques,..)
Ces tiers restent toutefois propriétaires de ces ressources, soit de manière indirecte comme les actionnaires qui possèdent des parts de l’entité, soit de manière directe comme les créanciers qui détiennent des titres de dette.
Dans la colonne de gauche dénommée « actif » figurent les utilisations qui sont faites de ces ressources, principalement des moyens de production et des stocks de produits finis.

Cette comptabilité générale est financière parce qu’elle n’enregistre que des évènements qui sont traductibles en termes monétaires, c’est-à-dire qui sont caractérisables par un prix.
Chaque prix est révélé lors de chaque transaction.
Une collection de prix pour une succession d’évènements comptables impliquant un même élément économique, permet de définir un prix de marché (« mark to market »)
Si ce n’est pas possible, par exemple pour les titres de placement financier dont la valeur change à chaque instant du fait des fluctuation de marché des titres, on créé un modèle de ce prix (un système mathématique probabiliste qui rend compte des variations de prix historiquement observées) et ce système permet d’affecter un prix calculé (« mark to model ») à l’élément comptable considéré.
Ce mécanisme de « mark to model » étant légitime du fait de nombreux précédents acceptés par la communauté comptable, c’est celui que nous appliquerons pour déterminer les prix des externalités positives et négatives.
Nous aurons recours à des avis d’experts et à la décision finale du groupe de parties prenantes intéressées pour choisir les prix des différentes externalités.
Dans un premier temps nous nous calerons facilement sur les valeurs proposées par Kering.

Nous allons ensemble passer les écritures concernant la pollution environnementale (15 euro) et la pollution environnementale évitée (34 – 15 = 19 euro) tant en compte de résultat (charge et produit) qu’en compte de bilan (dette environnementale et actif négociable )

Ainsi ce faisant nous reconnaissons les impacts négatifs survenus dans l’exercice et nous les stockons en dette environnementale, ce qui créée les conditions pour réparer (c’est à dire réparer les pollutions du passé) soit donc, ce qui permet de créer un marché de la réparation (assez semblable au marché de la compensation)

Ainsi nous reconnaissons les impacts positifs (plus exactement les impacts négatifs évités) survenus pendant l’exercice et nous les stockons pour les vendre à de acquéreurs désireux de compenser ou réparer.

7 Conclusion

La complexité dissimulée de cette étude découle du caractère holiste de l’analyse qui la sous-tend, ainsi que de l’approche systémique qui dicte les différentes actions à mener.
Cette culture de l’holisme et du systémique est importante pour argumenter et convaincre.
Elle sert aussi à choisir les actions à mener en ne négligeant rien d’important (holisme) et en prenant en considération toutes les interactions potentielles (systémique.)

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